Le quorum pour le retrait de confiance au secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, est largement atteint depuis deux jours. La pétition lancée par des membres du comité central aurait récolté, selon une source crédible, 206 signatures, soit plus de 50% de la composante de l'instance consultative du parti qui comprend 351 membres. Contacté hier, un cadre du FLN souligne qu'en principe, après un tel désaveu, Abdelaziz Belkhadem doit se rendre à l'évidence et partir. «C'est la morale politique qui l'exige», soutient-il. Mais visiblement, le secrétaire général de l'ex-parti unique tient à son strapontin et ne donne pas l'air de tirer les conséquences. Une raison pour laquelle les contestataires ne comptent plus s'arrêter au retrait de confiance, ils veulent réunir le nombre de signatures requises – les deux tiers des membres – pour convoquer une session extraordinaire du comité central et probablement mettre en place un comité provisoire qui, comme le suggèrent certains militants du parti, «préparera la tenue d'un congrès extraordinaire en vue de destituer Abdelaziz Belkhadem et remettre le FLN sur les rails avant les élections locales, prévues en octobre prochain». La destitution de Abdelaziz Belkhadem est donc une question de quelques semaines, au plus tard après le scrutin législatif du 10 mai. A l'exception de quelques membres toujours hésitants à signer la pétition contre le secrétaire général du parti, la majorité au comité central s'est liguée contre lui, même ses plus fidèles supporters le contestent à cause des listes de candidatures desquelles ils ont été rayés. En réalité, deux autres catégories de cadres du parti n'ont pas encore émargé pour le départ du secrétaire général : d'abord les membres du bureau politique qui veulent signer, mais il est exigé d'eux de démissionner d'abord de l'instance exécutive, ce qu'ils n'ont pas fait pour le moment ; ensuite ceux qui siègent au Conseil de la nation (Sénat) dans le tiers présidentiel, à l'exemple de Abderrezak Bouhara. Ils veulent, justifie-t-on, rester au-dessus de la mêlée. Qu'à cela ne tienne, la démarche qui vise à faire partir le secrétaire général du FLN, auquel il est reproché d'avoir dévié la ligne politique de l'ex-parti unique et joué avec les listes électorales en prévision des prochaines législatives, y compris par ceux qui ont participé à sa gestion, est en passe d'aboutir. Abdelaziz Belkhadem a réussi à réunir le consensus contre lui. En plus du mouvement de redressement et de l'authenticité dont le coordinateur général est un membre du comité central, Salah Goudjil – qui se félicite d'ailleurs de la tournure des événements jouant en sa faveur – le secrétaire général du FLN a fini par agacer même son entourage pas forcément pour des raisons politiques, souvent pour des ambitions strictement individuelles. Pour certains militants, il a été aveuglé par son désir de se donner un destin national en 2014 et ses soutiens en haut lieu. L'intégration dans la liste d'Alger, en deuxième position, de l'ex-femme d'El Qaradaoui participe de cette logique.