Quelques semaines après avoir célébré la Journée nationale de La Casbah, un pan des remparts de la Citadelle sur le flanc sud-est de l'antique médina craque. Plus précisément, du côté de Bab J'did, où l'épaisse muraille, rasée par endroits jusqu'en aval, enserrait la médina. Et pourtant, l'on se rappelle qu'une étude a été réalisée sur cet ouvrage d'art en matière de fortification par le BET polonais, en l'occurrence PKZ, il y a une vingtaine d'années. Mais l'étude n'a guère été suivie de la phase des travaux de confortement, certainement pour des problèmes d'ordre financier, hormis la poterne, ouverte par l'administration coloniale, qui a fait l'objet d'étaiement métallique. En 2005, et dans le cadre du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur, le département de la culture fait une nouvelle fois appel au BET polonais spécialisé dans l'expertise et la restauration des monuments historiques pour prendre sous sa coupe le Palais et la mosquée du dey. Cinq bureaux d'études ont été désignés également pour être au chevet des autres modules de l'ex-fort Barberousse, avant l'entame du processus de réhabilitation. L'on ignore si l'étude des remparts a été réactualisée ou non dans ce vieux chantier qui fait du surplace depuis plus de trente ans, et si la réhabilitation en cours avait pris en compte l'étude élaborée entre 1999 et 2002 par le Cneru. Une chose est sûre, le cabinet d'architecture restauration aurait failli à sa mission si une expertise n'avait pas été jugée utile d'être engagée pour éviter ce «collapse» de cette partie des remparts à l'intérieur desquels des travaux sont menés à huis clos. «Circulez, y a rien à voir», répond le vigile à ceux qui osent demander de voir un petit peu ce qui se «trame» intra muros. Seule une plaque, flanquée d'une fresque de céramique, nous renseigne sur les parties faisant l'objet de restauration. La date de livraison du chantier n'est pas pour demain. Elle est repoussée aux calendes grecques au même titre du lanternon du minaret de la mosquée du dey qui gît à même le sol depuis quatre ou cinq ans. Il est un lieu commun de dire que des finances publiques estimées à des milliards de dinars ont été mobilisées pour réhabiliter cette ancienne «Casbah» (le fort) avant de se rendre compte finalement des travaux viciés exécutés par des entreprises dont la qualification fait terriblement défaut. A l'image des opérateurs engagés par l'Ofares, dont l'intervention dans le bâti traditionnel de la médina s'est révélée de piètre qualité. On crépit les parois avec du mortier bâtard avant de les décrépir, on déglingue les éléments architectoniques, on conteste mal à propos sur le manque de matériaux, on fait dans le labeur expéditif… Une situation d'un patrimoine dont les travaux sont menés à pas comptés, car, pour nous clouer le bec, on nous ressasse que «la belle œuvre exige du temps» (ecchîy el mlîh yattâlab el wakt), pour reprendre un adage populaire.