Dans sa stratégie d'opposition, non déclarée au chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, Belkhadem ne lésine ni sur les mots ni sur les sujets qui fâchent. Après l'histoire des salaires, le voilà qu'il remet au goût du jour la crise de Kabylie et la manière suivie par le patron du RND pour la régler. Aujourd'hui, parce que son parti, le FLN, dispose d'un grand nombre d'élus en Kabylie, il suggère à Ouyahia de dialoguer avec eux, au lieu des délégués des archs, qui, à ses yeux, ne représentent plus rien. Pour le secrétaire général de l'ex-parti unique, tous les coups sont permis. Belkhadem aurait pu revendiquer plus d'autonomie, plus de prérogatives et, surtout, plus de moyens financiers aux élus, qui doivent répondre à des besoins qui se chiffrent en milliards par des budgets insignifiants, quelques dizaines de millions de centimes, alloués par un gouvernement dont fait partie sa formation et votés par ses députés. Il ne le fait pas. Au moment où les archs attendent un ultime rendez-vous avec le chef du gouvernement et probablement le président de la République pour finaliser tout ce qui a été négocié depuis une année, le secrétaire général du FLN veut tout effacer et revenir à la case départ, omettant au passage de signaler que c'est grâce au combat des archs que son parti peut se targuer, aujourd'hui, d'être la troisième force politique en Kabylie. Les élections partielles de novembre dernier, qui ont permis au FLN de revenir sur la scène politique kabyle, ont été obtenues par les archs. Ces derniers sont porteurs de revendications démocratiques et éminemment politiques alors que les élus, représentants légitimes des citoyens, axent leurs efforts sur des revendications socioéconomiques, préoccupations quotidiennes de la population. Ouyahia peut bien dialoguer d'un côté avec les archs et de l'autre écouter les doléances des élus. La moitié des élus de Kabylie sont issus du FLN et du RND, donc suivant la logique de Belkhadem, le chef du gouvernement doit dialoguer avec lui-même et son ami du FLN. La plateforme d'El Kseur défendue par les archs était porteuse d'un projet de société, aux antipodes de celui défendu par Belkhadem et c'est sans doute pour cette raison qu'il veut les enterrer aujourd'hui.