Et Caïn tua Abel, un roman sur le terrorisme, écrit par un parent d'une victime du terrorisme. L'auteur, Abderrahmane Yefsah, frère de Smaïl, journaliste de l'ENTV, assassiné à Alger en 1993, a plusieurs mérites. Auteur autodidacte, d'autres romans en chantier et à travers le présent ouvrage, il fixe par écrit des épisodes dramatiques des années 1990, et qui continuent encore en 2012. Le roman s'apparente à une chronique qui repose sur des personnages et des lieux fictifs, mais qui ont certainement existé, tant le lecteur se retrouve dans des descriptions, des narrations et des discours continuellement rapportés par la presse. Pour l'auteur, cette production est une sorte d'exorcisme, une expression pour supporter la douleur dont souffre sa famille, et par extension, toutes les familles des victimes du terrorisme. A travers le titre, Abderrahmane Yefsah s'interroge sur l'absurdité de l'homme, les assassinats qui continuent depuis le meurtre commis par Caïn sur son frère Abel. Cette parabole tirée du patrimoine historique humain est transposée sur l'acharnement des forces obscurantistes incarnées par les terroristes islamistes en quête de dynasties théocratiques, que des hommes et des femmes ont combattues. Et Caïn tua Abel est un hymne à la paix, un hommage aux patriotes, aux martyrs et aux journalistes. C'est un roman contre l'oubli ; « (…) les maisons incendiées, les corps déchiquetés, les têtes séparées du tronc, des bébés enfournés, des femmes enceintes éventrées, des récoltes brûlées et du bétail massacré » (P. 22), c'était une réalité algérienne et quotidienne pas si lointaine. A travers les 200 pages, le roman restitue les horreurs vécues par la société et fait œuvre d'un travail de mémoire. Le roman a obtenu le 2e prix Tahar Djaout l'année dernière, mais l'auteur, au même titre que les autres lauréats, n'a pas reçu son chèque. Des sponsors n'ont pas tenu leurs engagements. Un éditeur de presse s'est engagé à prendre en charge l'édition de 1000 exemplaires de ce roman. Il n'en fut rien. Et Caïn tua Abel est édité à compte d'auteur. Abderrahmane Yefsah. Et Caïn tua Abel. / Roman, 200 pages. 400 DA