Enlèvement du consul d'Algérie à Gao, aura islamiste, élections législatives, référendum, fichier électoral… Dans un entretien paru dans l'édition d'hier de notre confrère le Quotidien d'Oran, le ministre de l'Intérieur a abordé des sujets d'actualité. «La loi n'a pas prévu que la Commission nationale indépendante de surveillance des élections législatives (Cnisel) fasse grève. La Cnisel n'est pas un syndicat», précise M. Ould Kablia, suite aux récentes menaces renouvelées successivement par le président de cette commission, Mohamed Seddiki. Ce dernier est membre du parti Ahd 54. Selon le ministre, seule «l'administration conserve la mission régalienne d'organiser les phases techniques et administratives des élections». Il ajoute que «la Commission est sortie du contexte de sa mission pour régler un certain nombre de problèmes». «Le bulletin unique, c'est une nouveauté par rapport au système électoral en Algérie. Nous proposer un bulletin qui engloberait une cinquantaine de listes nous a paru absolument irréalisable et irréaliste… Ils sortent des arguments qui ne sont pas à retenir», juge-t-il. Concernant l'inscription groupée des militaires, Daho Ould Kablia a indiqué que «l'administration n'a pas fauté, puisque le principe de la réinscription ou du transfert d'inscription est prévu par la loi». Cette polémique est, pour le ministre, dressée par un courant. «Les islamistes doutent de leur vote parce qu'ils savent très bien que les militaires ne sont pas favorables au courant radical islamiste. Ils ont payé et continuent d'en payer le prix fort», tonne-t-il. Dans le même registre, M. Ould Kablia pense que «la réconciliation a ouvert la voie au retour de très nombreux islamistes pour réintégrer la vie civile et leur place dans la société». Certains partis, poursuit-il, «leur ouvrent largement les bras pour les intégrer dans leurs listes ou parmi leurs adhérents». Pour lui, «la loi ne l'interdit pas, mais il y a une conclusion à tirer». Toujours sur le même point, le ministre pense que «certains partis veulent dès à présent justifier un éventuel échec par la fraude». Il n'y aura plus d'interrogatoire pour les candidats Par ailleurs, annonce M. Ould Kablia, «le fichier électoral pourrait être repris au niveau national, pour pouvoir éliminer tous les doubles emplois». «Cette solution démarrera immédiatement après la clôture de ce scrutin (10 mai 2012) et devra être finalisée au début de l'année 2013. Il y a donc une révision globale du fichier en prévision surtout de la révision de la Constitution… Si la question de son adoption par référendum est admise», prévoit-il. Ajoutant : «Le référendum pourrait se tenir au cours du premier semestre 2013.» Dans l'entretien, Daho Ould Kablia répond aux partis politiques qui ont dénoncé les interrogatoires dans des commissariats. «On a demandé que des enquêtes administratives soient menées et non des enquêtes politiques ou policières», argumente-t-il, tout en ajoutant que ces pratiques sont interdites et «cela ne se fera plus». D'autre part, le ministre de l'Intérieur constate que «beaucoup de têtes de liste sont des personnes proches des milieux d'affaires», chez les nouveaux partis entre autres, «qui n'ont pas de base militante». «Ils ont été obligés de ramasser n'importe où leurs candidats, certains l'ont été par des voies qui ne sont pas tout à fait morales», déplore-t-il. M. Ould Kablia réserve des surprises, car, explique-t-il, «tous les candidats qui seront élus passeront au crible de la loi sur la compatibilité». Le ministre de l'Intérieur pense qu'«aucun parti n'a un projet de société convenable, ni de programme structuré pour aborder les vrais problèmes institutionnels, les problèmes sociaux et économiques… Je n'ai pas entendu un seul parti parler de la réforme fiscale, de la politique industrielle, de la politique de l'investissement ou comment il voit le développement de l'agriculture, le commerce extérieur, la politique énergétique… Je crois que c'est à partir de l'ensemble des partis qui constitueront la majorité au sein de la nouvelle Assemblée que nous verrons ce qu'ils apporteront comme idées pour le développement du pays». Cependant, le ministre prévoit une «décantation à l'avenir». Selon lui, «pas mal de partis, créés à la hâte et sans objectif bien défini, mettront tôt ou tard la clé sous le paillasson».