On peut croire DOK quand il dit que le ministère de l'Intérieur est le seul organisateur du prochain scrutin et qu'il a tout fait pour en garantir l'honnêteté. On a moins envie de croire l'avocat commis d'office, Farouk Ksentini, quand il dit que le ministère de l'Intérieur a tout fait pour que les élections soient transparentes et qu'il est impossible de faire mieux. Tout comme on n'a aucun plaisir à croire le congrès permanent des sceptiques qui dit que tout est réglé, les quotas sont déjà prêts dans des chemises pliées sous le bureau de DOK ou du DRS. Mais si tout le monde aime à expliquer que l'enjeu de l'élection est son taux de participation, chacun tente d'oublier que son seul moteur est sa crédibilité. Comment rendre crédible un scrutin ? Le côté technique est évidemment important et plusieurs points ont été soulevés par la commission de contrôle et des partis politiques, montrant que le régime, qui tolère à peine les «associations à caractère politique», n'est pas encore un grand démocrate. Mais au delà de ces modalités pratiques, la confiance ne se décrète pas, elle s'accompagne de mesures morales. Il n'y a pas de fumée sans feu, pas plus que de feu sans allumettes et une femme trompée plusieurs fois a le droit d'être suspicieuse quand son mari rentre trop tard, avec des marques de rouge à lèvres sur ses joues et un bouquet de fleurs à la main. Pratiquement, il y a deux étapes importantes pour récupérer de la crédibilité et, par là, diminuer le facteur abstention. D'abord, on l'a dit, reconnaître que beaucoup de scrutins ont été truqués dans le passé par le même régime. Ensuite, publier les vrais résultats de ces élections pour voir ce que chacun pèse vraiment et comment ont été répartis les quotas. Est-ce réalisable ? Oui. Utile ? Oui, car il ne sert pas à grand-chose de réquisitionner un million et demi de martyrs pour faire voter 21 millions de méfiants.