Les jours semblent comptés pour les clubs professionnels. Dans la posture actuelle, ils auront bien du mal à exister dans quelques années. Leur avenir, tout court, est plombé par la nature juridique de leur statut. Erigés en société sportive par actions (SSPA), ils ne peuvent se soustraire aux règles qu'impose la nature de leur statut. Au terme du second exercice seulement, ils sont en situation de faillite. A quelques exceptions, les clubs pros enregistrent au bout de l'exercice en cours «des actifs de société inférieurs au capital». Cela signifie que la dissolution de la société doit être prononcée. A l'orée de l'instauration du professionnalisme, les dirigeants ont fait dans la précipitation pour être sur la ligne de départ, ne prenant aucun soin d'étudier toutes les données. Pris au piège, ils cherchent à s'en sortir par tous les moyens. En fait, ils ne mesurent pas la dangerosité de la situation dans laquelle ils se trouvent. Ils ont gardé les réflexes qu'ils avaient lorsque les clubs étaient régis par le statut amateur. La preuve, ils continuent de fonctionner comme jadis. A savoir dépenser plus, ne pas regarder sur les conséquences qu'engendrera la «politique inflationniste» des salaires qui demeurent un gouffre sans fond, où viennent s'entasser les déficits. Leur démarche, qui consiste à revendiquer plus de subventions et d'aides de la part des pouvoirs publics, dénote de leur peu de compréhension des grands défis qu'ils doivent relever pour pérenniser le professionnalisme. Certaines de leurs doléances frisent le ridicule, comme exonérer les joueurs des cotisations à la CNAS et même de l'IRG. Jusqu'à preuve du contraire, les joueurs professionnels sont des salariés soumis comme tels à ces deux chapitres. Selon un document présenté par la Ligue de football professionnel (LFP) «sur les 32 clubs pros (L1 et L2), 23 sont affiliés à la CNAS. Sur ce nombre (23), 12 n'ont pas encore procédé aux déclarations légales à la CNAS. Sur les 11 clubs qui l'ont fait, un a déclaré 133 salariés, c'est l'USM Alger. Il y a un club qui a déclaré un seul salarié». C'est ridicule. La direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG), installée ces derniers jours et qui sera présidée par Mohamed Mecherara, va jouer un rôle capital dans l'avenir de ces sociétés sportives (SSPA). A partir de la saison prochaine, c'est elle qui filtrera le renouvellement de la licence qui ouvrira droit à la participation au championnat de L1 et L2. Si la DNCG était en fonction actuellement, presque tous les clubs seraient interdits de participation aux compétitions. Leur déficit est tellement énorme que ce sera difficile de le résorber sans le secours d'un bienfaiteur au compte en banque très sécurisant. Dès son entrée en fonction, la DNCG sera rapidement confrontée à cette situation et il lui faudra bien trancher dans la douleur. A un moment ou à un autre, le redressement judiciaire deviendra un passage obligé et aura pour corollaire de faire reléguer les clubs qui ne présenteront pas une situation financière saine et surtout sans déficit. Le code de commerce et la DNCG vont être une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des clubs pros. Si la situation reste en l'état : les clubs collectionnent les déficits et que la DNCG exerce tout son pouvoir, des clubs seront relégués à la pelle. Le fair-play financier, préconisé par Michel Platini (président de l'UEFA) qui perturbe le sommeil des dirigeants des plus grands clubs européens, s'invitera chez nous si entre temps le professionnalisme n'aura pas vécu. A un moment donné, le maintien en L1 et L2 ne relèvera pas uniquement du résultat sportif. C'est à partir de cet instant uniquement que le professionnalisme sera effectif en Algérie.