Se dirige-t-on vers la dissolution des sociétés sportives par actions (SSPA)? Tout semble l'indiquer à en croire de nombreux présidents de conseil d'administration (CA) des clubs professionnels. Ils se réuniront demain pour débattre de la conduite à tenir par rapport aux menaces qui pèsent sur les clubs et eux-mêmes. Les premiers sont pratiquement en situation de faillite et les dirigeants qui sont civilement et pénalement responsables vis-à-vis de la loi risquent gros. C'est cette double responsabilité qu'ils refusent d'assumer et l'incombent à «la précipitation dans la mise en œuvre de ce projet mené et imposé à la hussarde par la Fédération», tonne un président. Alertés par des commissaires aux comptes sur les conséquences d'une «faillite inexorable». Si la situation reste en l'état, les présidents cherchent à se prémunir contre toute mauvaise surprise. Les sociétés sportives (SSPA) ne génèrent que du déficit qui va s'accumuler au fur et à mesure que le temps passe. Aujourd'hui, ils se retrouvent dans une impasse totale par rapport à la législation. L'article 195 bis du code de commerce qui régit, soit dit au passage, les sociétés par actions précise : «Si l'actif net de la société est inférieur au quart du capital, il sera prononcé la dissolution de la société (sportive).» Tous les clubs (SSPA) sont dans cette situation. Ils ont un actif net inférieur au capital. Cela signifie qu'ils sont en situation de faillite qui doit être obligatoirement prononcée pour ne pas accroître le déficit abyssal dans lequel ils se trouvent au terme de leur second exercice. C'est le danger qui guettait les SSPA dès leur mise en place. Y aurait-il d'autre solution que la mise en faillite des SSPA empêtrées dans des problèmes financiers qu'ils n'avaient jamais prévus, lorsqu'ils ont décidé de s'engouffrer dans la voie du professionnalisme? Le Forum des présidents de club doit, donc, rapidement statuer sur la démarche à suivre. Ils ne cachent pas qu'ils sont favorables dans leur écrasante majorité pour «prononcer la dissolution des SSPA et repenser ensuite à une autre option du professionnalisme en toute connaissance de cause des multiples dangers auxquels il faudra faire face», propose un vieux dirigeant. La mise en faillite des SSPA apparaît aux yeux de beaucoup d'acteurs «la seule solution appropriée» dans ce contexte. Confrontés aux dures réalités de l'équation business-football, les clubs professionnels n'ont pas trouvé leurs marques. Habitués à évoluer dans le flou, ils se sont retrouvés, du jour au lendemain, confrontés à une situation où le contrôle et la rigueur financière ne sont plus de vains mots. Il est impossible dès lors que des investisseurs se bousculent pour prendre des parts dans les clubs professionnels. Un club qui a généré uniquement des pertes et non des profits ne fera l'objet d'aucune convoitise. L'une des revendications des SSPA consiste à «sauter» le verrou que représente le club sportif amateur (CSA) à travers le tiers bloquant qu'il représente au sein de la SSPA. A priori, ni le MJS ni la FAF ne sont disposés à accéder à cette demande estimant, à juste raison, que le CSA préserve l'âme originelle du club. L'option de la dissolution des SSPA aura des conséquences immédiates et lourdes qui feront réfléchir les promoteurs de ce scénario. La perte du statut entraînera automatiquement le retrait de la licence et la rétrogradation en division inférieure. Imaginons un instant que tous les clubs pros adoptent cette posture. Résultat des courses, ceux qui évoluent en L1 se retrouveront en L2 et ceux de cette division iront rejoindre la DNA. La Ligue 1 n'aura aucun pensionnaire. C'est le scénario-catastrophe qui va donner à réfléchir aux initiateurs de la dissolution des SSPA. Le football professionnel a besoin d'une autre stratégie qui prenne en compte les réalités économiques et surtout celles des clubs algériens qui marchent sur deux béquilles. Même pas leurs jambes pour bien taper dans un ballon de football.