« Nos profs luttent pour nous », lance une lycéenne de Blida au portail de l'établissement paralysé par la grève de trois jours à laquelle ont appelé plusieurs syndicats autonomes du secteur de l'éducation. Hier, la première journée de débrayage a connu « des records » de suivi, selon plusieurs sources syndicales à travers le territoire : à Bouira, le taux de participation à la grève avoisine les 95%, les trois paliers confondus. Une adhésion au mouvement de protestation beaucoup plus importante que celles enregistrées par les grèves précédentes dont la dernière les 15 et 16 janvier écoulé. Nos correspondants à Chlef, El Oued, Sidi Bel Abbès, Tiaret, Souk Ahras, Sétif, Tipaza, Boumerdès, Djelfa, Jijel, Blida et ailleurs rapportent les mêmes scènes de mobilisation massive. Une réponse, soutiennent les différents syndicats, au plus ancien ministre de la République, Boubekeur Benbouzid, qui semble camper sur ses positions contraires aux réglementations internationales en matière de droit syndical. Le ministère de l'Education a publié hier un communiqué repris par l'agence gouvernementale APS, rendant aux enseignants un « vibrant hommage » (sic) et réitérant son appel à la « sagesse à ceux qui demeurent encore entraînés dans la logique de l'illégalité, d'ailleurs confirmée par voie judiciaire ». La cour d'Alger a déclaré samedi « illégal » l'appel à la grève lancé pour les 19, 20 et 21 février en cours par « l'organisation dénommée "coordination intersyndicale" (non agréée) et l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (UNPEF) et a ordonné l'annulation de la grève », tient à rappeler l'APS. Ce communiqué donne un taux de participation à la grève de 24% arrêté hier en début d'après-midi. Un directeur d'établissement à Djelfa explique les chiffres officiels, systématiquement donnés à la baisse, par la prise en compte de l'ensemble du corps pédagogique. La direction de l'éducation de cette wilaya donnait un taux de 32%, alors que les chiffres in situ avoisinent les 70%. Pendant ce temps, l'UGTA, syndicat officiel, seul reconnu par les pouvoirs publics, s'évertuait hier encore à envoyer les invitations à la presse pour les festivités du cinquantième anniversaire du « syndicat unique » le 24 février.