Les dirigeants du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) se déclarent «optimistes» quant à la libération des sept otages algériens enlevés il y a plus d'une dizaine de jours du consulat d'Algérie à Gao. Les négociations pour la libération des sept otages algériens se poursuivent toujours. La décision de les libérer a été prise par Al Qaîda, mais il reste à déterminer à quel groupe ils seront remis. Les tractations ont lieu à Gao, alors que des informations font état du ralliement du colonel Ould Meidou à un groupe dissident d'Al Qaîda, avec de nombreux Arabes qu'il a lui-même armés pour combattre la rébellion touareg. Des alliances diaboliques sont en train de se faire et se défaire ces derniers jours entre les différents groupes djihadistes. Même si les dirigeants du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) refusent officiellement de reconnaître les contacts avec Al Qaîda, il n'en demeure pas moins qu'en aparté, ils se déclarent «optimistes» quant à la libération des sept otages algériens enlevés il y a plus d'une dizaine de jours du consulat d'Algérie à Gao. Le MNLA refuse tout contact avec al quaîda Selon des sources sûres, la décision de libérer les captifs a été prise. «Le seul problème qui reste en suspens c'est le choix de la partie qui les récupérera, étant donné que le MNLA refuse tout contact officiel avec Al Qaîda», révèle notre interlocuteur, au fait de cette affaire. Selon lui, «le consul et ses six compagnons sont en bonne santé et les deux otages qui étaient malades sont rétablis, après avoir reçu des soins». Il se dit «confiant et optimiste car, a-t-il ajouté, la libération des sept otages n'est qu'une question de temps». En fait, le MNLA préfère rester loin des négociations, tout en suivant de près leur déroulement, étant donné que les négociateurs sont dans son entourage. Ils ont des relations directes avec les différents groupes terroristes affiliés ou non à Al Qaîda. «Nous savons que les otages ont été remis à ce nouveau groupe constitué d'Arabes de l'Afrique de l'Ouest, très actifs dans les régions de Tombouctou et de Gao. Ils ont des liens très étroits avec les tribus brébiches, mais également avec les deux groupes salafistes touareg armés. Ils se rendent service mutuellement pour mieux préserver leurs intérêts», note notre source. Selon elle, la situation est en train d'évoluer très rapidement. «Sur les sept groupes de salafistes qui agissent au nord du Mali, trois dominent le peloton. Ils sont dirigés par des Algériens, dont Abou Zeïd et Belmokhtar et leur composante est majoritairement algérienne. Ils disent qu'ils ont pour chef un certain Nabil qui, lui-même, dépend de l'émir d'Al Qaîda pour le Maghreb islamique, qui se trouve en Algérie. Ils se revendiquent de Ayman Zawahiri et du mollah Omar. Il y a deux semaines, les chefs de ces groupes sont revenus du Niger avec 17 véhicules Toyota Station bourrés d'armes lourdes et légères. Ils ont même acheté des armes anti-aériennes qu'ils ont cachées dans la région de Tombouctou et de Gao», révèle notre interlocuteur, qui précise que cet arsenal leur a été vendu par les militaires qui faisaient partie de la protection des Guedadfa (famille de Gueddafi) et qui se sont réfugiés au Niger. Anciens combattants de libye «La direction du MNLA est au courant de cette transaction. Elle a même interrogé Belmokhtar sur la destination de ces armes. Ce dernier, tout comme Abou Zeïd, lui ont répondu qu'elles ne seront pas dirigées contre l'Azawad, mais plutôt contre l'Algérie. Ils ont affirmé qu'elles prendront la direction de l'Algérie en temps opportun», note notre interlocuteur, qui occupe un poste assez important au sein du mouvement de l'Azawad, qui ajoute que ce convoi n'est pas le seul. «D'autres l'ont précédé. C'était au moment de la prise de Tripoli par les rebelles. Toute une phalange a participé aux combats et est retournée au nord du Mali avec l'armement lourd», souligne notre source qui avertit : «Dans cette guerre, c'est surtout l'Algérie qui est visée. Il n'est pas exclu que des opérations extrêmement graves et dangereuses puissent être menées par ces groupes de djihadistes, maintenant qu'ils détiennent de l'armement anti-aérien.» «Le danger, dit-il, vient également de cette ‘‘alliance d'intérêts'' entre les tribus brébiches du Nord et les salafistes, mais également entre ces derniers et quelques Touareg des Ifoghas, spécialisés dans la contrebande et les trafics en tous genres.» Même amère, cette vérité est reconnue par de nombreux cadres du MNLA avec lesquels nous nous sommes entretenus. A ce titre, certaines sources proches du mouvement craignent que le redoutable colonel-major, Ould Meidou, un loyaliste du président déchu, Amadou Tounami Touré, (issu de la plus importante tribu arabe du nord-ouest), rejoigne les groupes d'Al Qaîda. Depuis la prise des principales villes du Nord, le colonel qui était à Bamako, a disparu de la circulation. Certains cadres du MNLA affirment qu'il a été arrêté, d'autres, plus nombreux, disent qu'il pourrait avoir rejoint l'AQMI qu'il connaît assez bien pour avoir profité de ses services pour escorter des convois de cocaïne. A ce titre, il est important de rappeler que juste avant la rébellion, il avait réussi à faire libérer de prison son cousin et proche ami, le baron de la drogue, Mohamed Ould Aweynat. Ce dernier faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international délivré par Interpol dans le cadre de l'affaire de «Air Cocaïne», ces Boeing qui avaient atterri au nord du Mali pour décharger des quantités énormes de cette drogue latino-américaine. Des sources de Tombouctou sont formelles. Le colonel Ould Meidou aurait rejoint un groupe dissident à celui qui détient les otages algériens. Il aurait même emmené avec lui de nombreux Arabes du nord-ouest du Mali qu'il avait armés pour combattre les Touareg. Une telle alliance fera de cette organisation l'une des plus redoutables, capables, au cas où elle s'allierait aux groupes qui détiennent l'armement libyen, de transformer le nord du Mali en une véritable poudrière. Les informations qui parviennent de cette région augurent d'un avenir très sombre et rien ne permet de dire, pour le moment, qu'il y a une quelconque amélioration. Ançar Eddine, pour sa part, veut, avec l'aide des Touareg des Ifoghas, alliés de l'AQMI, contrôler sa région, loin de l'emprise du MNLA, pour y instaurer la charia et se rapprocher davantage des djihadistes, avec lesquels les affaires ont de tout temps été bonnes. Beaucoup craignent que le MNLA soit dépassé par une «talibanisation» inéluctable de la région.