L'enseignement de la langue tamazight se maintient tant bien que mal dans la wilaya de Tizi Ouzou, en dépit de la gestion balbutiante de ce dossier par les pouvoirs publics. Pour l'année scolaire 2011/2012, son apprentissage concerne 140 000 élèves sur 165 000 scolarisés dans les trois paliers de l'éducation dans la wilaya, soit un taux de 85%. Le nombre d'enseignants de tamazight qui assurent des cours régulièrement a atteint les 700 enseignants mais ce nombre reste insuffisant eu égard à la demande et au nombre de classes. La direction de l'éducation de Tizi Ouzou recrute entre 50 à 60 nouveaux enseignants de tamazight par an dans le but de généraliser cet enseignement à l'horizon 2014. Parmi les facteurs qui empêchent son développement, on cite le caractère facultatif des cours, le manque de postes budgétaires, de manuels scolaires... Pour M. Arkoub, vice-président de l'association des enseignants de tamazight de Tizi Ouzou, la promotion de cette langue ancestrale est en train de se faire dans l'anarchie. «Il faut impérativement créer une académie qui s'érigera en autorité scientifique, à travers laquelle les problèmes pédagogiques qui empêchent l'essor du tamazight, trouveront des solutions ». Et d'ajouter : «Nous demandons depuis des années l'introduction de l'enseignement de tamazight à partir de la 3eme année primaire comme toutes les autres langues et pourquoi pas, à partit de la 1ere année. Augmenter son coefficient, son volume horaire et imposer le tamazight aux classes scientifiques contribuera à l'intéressement des élèves à cette langue». Arkoub évoque aussi «la conception inadéquate des manuels scolaires et les sujets d'examens qui ne comportent pas une graphie unique». Le combat pour l'identité berbère s'est soldé par la consécration de tamazight langue nationale, l'ouverture d'une chaîne de télévision étatique, l'institutionnalisation de quatre festivals culturels et la mise en place de 3 départements de langue et culture amazighes. Des acquis arrachés de haute lutte le Haut commissariat à l'amazighité (HCA) et le Centre national pédagogique et linguistique pour la promotion de cette langue maternelle. Insuffisant, de l'avis des enseignants. «Il est inconcevable d'évoquer, au préalable, la demande sociale avant d'introduire cette langue dans une région donnée. Le tamazight ne peut pas être rejeté. Les champs de l'enseignement du tamazight rétrécit déjà du fait qu'il est facultatif», regrette M. Iazzouguene, inspecteur faisant fonction au niveau du primaire, qui plaide pour un statut à la langue berbère et le respect de la loi 08-04 d'avril 2008, portant orientation dans le secteur de l'éducation. Le manque d'encadrement est également posé. «On parle de la généralisation de l'enseignement de tamazight au niveau du primaire. Mais celle là s'est faite sur le dos des enseignants, car en réalité, il y a un manque flagrant. Les enseignants de tamazight assurent les cours dans 2 à 4 établissements différents le même jours», affirme M. Iazzouguen. Contacté par nos soins, un enseignant témoignera : « Je parcours plusieurs kilomètres par jour pour assurer des cours dans 2 écoles. Ma femme en fait autant. Elle prend en charge des classes dans 4 écoles à travers plusieurs villages».