Le score du Front national (près de 18% au premier tour de l'élection présidentielle, selon les dernières estimations disponibles) «appelle à un sursaut de la République», a déclaré dimanche soir le candidat socialiste arrivé en tête avec une estimation de 28,9% des voix. Paris. De notre correspondante Je deviens par le vote des Français le candidat de toutes les forces qui veulent clore une page et en ouvrir une autre», a affirmé François Hollande en appelant à un rassemblement «le plus large possible» autour de lui. «Maintenant, c'est le changement ou la continuité», a résumé la première secrétaire du PS, Martine Aubry. La première secrétaire du PS, Martine Aubry, a estimé lundi sur RTL qu'au premier tour de l'élection présidentielle, «les Français avaient clairement dit qu'ils voulaient un changement de politique», «quatre Français sur cinq» ayant «dit non à Nicolas Sarkozy». Ajoutant que «ce n'est jamais gagné, notre pays a besoin d'une très forte mobilisation. Il faut que le score du 6 mai soit le plus haut possible pour que cette force populaire permette (...), de recréer des emplois, de remettre la justice...» Les socialistes laissent entendre qu'ils devront aussi parler à l'électorat du Front national. «Il faut comprendre les électeurs de Marine Le Pen et leur dire que des solutions existent», a indiqué Ségolène Royal. Et comme le relève l'éditorialiste de Libération, «face à cette nouvelle donne politique, le choix est désormais clair : formuler des réponses au désarroi et à la colère de pans entiers du pays, sans céder sur ce que sont les valeurs de la République. Sortir des crises économique, sociale et morale par le haut en décrivant ce que peut être l'avenir du pays, au lieu de faire vivre le mythe d'une France qui ne survivrait qu'en se refermant sur son histoire, en ressassant son passé, en restaurant ses frontières. Au-delà du 6 mai, pour les années qui viennent, tel est désormais le choix que les électeurs auront à faire». Marine Le Pen triomphante Pour Marine Le Pen, présidente du Front national «quoi qu'il puisse arriver dans les quinze jours, la bataille de la France ne fait que commencer». «Face à tout le système coalisé à coups de mensonges et de faux sondages, nous avons fait exploser le monopole des deux partis de la banque, de la finance, des multinationales, du renoncement et de l'abandon, et porté plus haut que jamais les idées nationales. Face à un président sortant à la tête d'un parti considérablement affaibli, nous sommes la seule opposition à la gauche ultralibérale, laxiste et libertaire», a déclaré, triomphante, dimanche soir, la candidate du FN. Pour Marine Le Pen, il n'est pas question de négocier entre les deux tours de la présidentielle pour avoir un accord avec l'UMP. Selon elle, la recomposition à droite se fera à ses conditions ou ne se fera pas. C'est ce qu'elle déclare depuis plusieurs mois. Marine Le Pen semble considérer que l'élection présidentielle est une affaire entendue, le deuxième tour devant se jouer aux législatives. Le parti d'extrême-droite mise plus sur les législatives et la création d'un groupe politique d'opposition à l'Assemblée nationale. «Je suis une chef de troupe et je veux un groupe», a-t-elle lancé, jeudi 19 avril, à quelques journalistes. Son directeur de campagne, Louis Aliot, a évoqué hier matin, au micro de France Info, l'«inévitable recomposition des forces politiques, à gauche comme à droite» après le premier tour de l'élection présidentielle. «Le prochain président de la République n'aura que très peu de pouvoir pour gouverner et il lui faudra une majorité, ce seront les élections législatives qui la donneront», a déclaré Louis Aliot. «La droite va très certainement imploser, la recomposition se fera enfin autour de nos idées», a-t-il expliqué, évoquant déjà la perspective des législatives. «Plus il y aura de députés FN, plus il y aura une opposition à l'UMP et au PS. On ne peut pas avoir d'objectif chiffré, mais 20% d'électorat mériterait d'avoir une représentation à la proportionnelle», a jugé M. Aliot. En perspective des élections législatives, Louis Aliot a également expliqué au micro de France Info que le Front national «ne cherche pas des accords bilatéraux avec l'UMP», mais veut «une majorité qui se fasse sur nos idées». «Nous avons notre rassemblement ‘'bleu Marine'' qui se met en place avec des ‘'Villiéristes, des Pasquaistes, des Chevènementistes''», a-t-il précisé.