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EMBAREK SAMEUR
Le laitier de La Casbah
Publié dans El Watan le 09 - 09 - 2004

Dans sa série consacrée à la guerre d'Algérie, et dans Le temps des léopards, Yves Courrière, en parlant de Krim et Ouamrane appelés d'urgence de Kabylie par Bitat, écrivit ceci : « Arrivés à la gare d'Hussein Dey, les deux hommes étaient descendus. Il y avait peu de chance pour que, dans une petite gare de banlieue, un agent ou un indicateur des RG reconnaisse les deux chefs kabyles.
Ils avaient gagné Belcourt puis la boutique d'un laitier, dans la haute Casbah où devait se faire le contact avec Bitat. Ouamrane, toujours friand de laitage, s'était fait donner par leur hôte un grand bol de lait caillé. » « Le laitier était un homme de confiance et sa boutique, l'idéal pour un contact discret. » Mais qui est donc cet énigmatique homme surnommé le laitier de La Casbah ? Il s'appelle Sameur Embarek, âgé aujourd'hui de 75 ans, ancien militant du PPA-MTLD et FLN. C'est un acteur et témoin essentiel dès lors qu'il a côtoyé tous les grands dirigeants de l'époque et les faits dont ils ont été les auteurs, comme par exemple cette veillée d'armes du 1er Novembre 1954 où Ouamrane a fait venir de nombreux militants de Kabylie avec l'idée d'attaquer des casernes dans la Mitidja, avec la complicité du caporal de l'armée française Khoudi Saïd. La tentative avorta et Ouamrane en explique les causes en se repliant chez notre laitier. Embarek a tâté au militantisme dès son jeune âge, qui connaît son apogée dès le déclenchement de la Révolution où notre résistant activa dans la clandestinité aux côtés de Ahcène Laskri, Ahmed Laghouati, Boukadoum, Akli le plombier, Ahmed Alouane et bien d'autres. Sa mission, au-delà des commerces qu'il tenait à La Casbah et qui servaient de lieu de rencontre, consistait en la collecte d'argent et d'armes. Embarek était en contact direct avec Salem (Djurdjura) et Si Lounès pour la région de Beni Amrane qui étaient chargés d'acheminer la « récolte » vers les maquis. Le 21 juin 1955, Embarek est arrêté par la police, « vendu » par un indicateur. Son commerce est réquisitionné et mis sous séquestre. Lors de la perquisition, les policiers ont trouvé deux valises et des tracts du FLN appelant à briser le boycottage des Mozabites, décrété par les Messalistes, pour n'avoir pas honoré leurs cotisations. Au départ, relève Embarek, il y avait confusion à Alger, car les Messalistes, en bons opportunistes, voulaient s'approprier le lancement de la Révolution. C'est pour contrer cette arnaque que le FLN a été dans l'obligation de faire revenir les maquisards dans la capitale, pour convaincre les militants. C'est ainsi que bon nombre de dirigeants descendirent à Alger comme Hamouche Hocine, dit Si Moh Touil, Fernane Hanafi, Krim... Non sans dégât, puisque durant cette période, un accrochage a eu lieu entre les policiers français et Ouamrane qui était accompagné de Fernane au chemin Vauban. Ouamrane a pu se réfugier au Ruisseau alors que Fernane était contraint de prendre un taxi pour nous rejoindre, blessé, au 4 rue Duchène, près de la rue de la Lyre. Je me suis déplacé chez Amar El Kama, où on a pu ramener le Dr Benhabylès qui a prodigué les premiers soins. Hanafi refusait l'hospitalisation. Le lendemain, d'autres militants l'ont pris en charge. C'est au Boulevard de Verdun, dans le domicile de Laskri, qu'il a subi l'opération de laquelle il ne se relèvera pas. C'était au mois de mai 1955, pendant le Ramadhan. On l'a enterré clandestinement de nuit, à Chebli. C'est Ahmed Laghouati, que Dieu ait son âme, qui s'est chargé du transfert du corps jusqu'au cœur de la Mitidja... Evoquant sa propre arrestation, Embarek a eu droit à un interrogatoire musclé. Il fut condamné à 2 ans de prison et transféré à Berrouaghia. En 1957, et après avoir purgé sa peine, il rejoint son village natal à Larbaâ Nath Iraten, où il ne restera pas longtemps. De hauts responsables du Front l'en dissuadèrent. C'était le temps de la « bleuite » et Embarek était plus utile à Alger qu'ailleurs... A l'indépendance, Embarek reprit son commerce de lait. La crise qui secoua le sommet le toucha profondément : « Si Krim montra une hostilité envers Ben Bella, Ouamrane s'en accommoda fort bien alors que moi, j'ai préféré garder la neutralité. La crise de 1963, il n'y a pas participé, « car il ne porte pas Aït Ahmed dans son cœur, celui-là même qui se trouvait au Caire chez Nasser, au moment où Ben Bella distribuait les cartes. La création du FFS, rappelle Embarek, obéissait à un objectif qui a été détourné. Nul n'ignorait que le FFS avait une dimension nationale avec Bitat, Chaâbani, Khider, puis a été réduit à un espace géographique se limitant à la Kabylie. Cela je ne l'ai jamais digéré comme je n'ai pas admis qu'on taise les 430 morts pour le FFS en 1963 et dont personne n'en parle, même pas Aït Ahmed. Son ami, c'est Abane qu'il a côtoyé non seulement dans sa boutique de La Casbah. » « C'est un homme très instruit, intelligent, méthodique qui savait où il allait, c'est à cause de ses qualités qu'on l'a mis hors d'état de nuire, lui qui n'a cessé de clamer la primauté de l'intérieur sur l'extérieur et du civil sur le militaire. Krim m'a dit à propos de la mort de Abane, juste au lendemain de l'indépendance qu'effectivement Abane était gênant et qu'on allait le neutraliser, mais Boussouf a pris les devants et l'a tué », nous déclare Embarek convaincu, qu'un jour, l'histoire dévoilera tous ses secrets.

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