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Rétablir la vérité des faits
Écriture de l'histoire
Publié dans El Watan le 29 - 08 - 2005

L'ouverture de la population, la jeunesse en particulier, sur l'histoire contemporaine de leur pays, mais surtout, celle concernant le mouvement national et la guerre de libération laisse le doute relativement sur beaucoup de faits et leur interprétation à la croisée des auteurs (historiens ou journalistes) de l'époque.
Ces historiens ou journalistes professionnels n'étaient en vérité que des Français, car du côté algérien, les illettrés dépassaient les instruits à degré limité, pour espérer de leur part une écriture à la hauteur des événements qui avaient secoué le monde entier. C'est ainsi que brilla le nom d'Yves Courrière et qu'il prit le dessus sur les écrits historiques de la guerre de Libération nationale appuyé par les entretiens qu'il a eu la chance d'avoir avec de hauts responsables, acteurs des hauts faits de la gloire algérienne. Ses écrits, comme ceux d'autres journalistes ou écrivains de tous bords risquent de monopoliser les références et la source de toute étude ou recherche que désirerait faire nos jeunes étudiants, voire leurs professeurs dans les cycles différents de l'enseignement, comme c'est le cas du grand historien à production académique et encyclopédique : le docteur Yahia Bourziz de l'université d'Oran. C'est dans le souci d'attirer l'attention et d'éveiller l'esprit critique de la recherche rationnelle en vue de rétablir la vérité sur les faits et leurs dimensions que nous avançons un simple exemple qui prouverait nos inquiétudes dans l'espoir de voir nos institutions et organisations s'atteler à revoir, à corriger, à réunir les témoignages de quelques acteurs survivants et présenter aux gens avides de connaître les vérités cachées - souvent à dessein - et débarrasser l'action des générations passées de toutes ces mensonges qui, à force de les répéter et de les admettre deviendraient une réalité de vérité établie, au dépens des vérités vécues. A l'occasion de l'anniversaire du 20 Août, nous choisissons comme exemple ce qu'avancent
1- Yves Courrière sur Amirouche Aït Hamouda dans son livre Le temps des léopards, édition Fayard, à partir de la page 183.
2- Un article de Youcef Zertouti repris intégralement par la revue Archive d'Algérie n°9 de la revue Historien. Yves Courrière écrit : « En décembre 1954, on avait signalé à Krim Belkacem qu'un certain Amirouche avait pris de sa propre initiative le commandement de la région de Aïn El Hammam (ex-Michelet), après la mort de son chef Amar Aït Chikh ; Krim n'en avait jamais entendu parler. C'est, dit-on, un élément dangereux qui n'appartiendrait ni au FLN ni au MNA de Messali, un élément douteux mais rusé, d'une grande autorité, bref, un type capable de lever une bande et de mener ‘‘la révolution'' pour son propre compte », fin de citation. Nous relevons là une erreur qui prend un caractère définitif, si ce n'est avec des gens, moudjahidine et les populations de la région de Aïn El Hammam, ex-Michelet, qui connaissent la vérité. Car, on ne cesse de répéter dans les écrits et à chaque fois (anniversaires) que l'on rend hommage aussi bien à Amar Ath Chikh qu'à Amirouche, que le premier a été remplacé après sa mort par Amirouche et que Amirouche a remplacé, après sa mort, le chef de la région de Michelet, le glorieux Amar Ath Chikh n'ayant fait l'objet d'aucun démenti, l'erreur d'Yves Courrière est reprise par des journalistes tels que Youcef Zertouti cité plus haut, même par le docteur Yahia Bouaziz, cet académicien de l'université d'Oran, grand chercheur encyclopédique sur l'histoire du nationalisme et de la guerre de libération, ce grand valeureux dans les écrits servant de sources aux jeunes étudiants, écrit lui aussi dans son dernier livre L'Histoire de la W III historique que Amirouche Aït Hamouda a remplacé Amar Ath Chikh après sa mort.
Résumons-nous
Amar Ath Chikh est tombé au champ d'honneur le 11 août 1956 et non en décembre 1954 comme cité par Yves Courrière, admis et repris par tant d'autres. Amar Ath Chikh se dirigeait vers Ouzelaguen où allait se tenir le Congrès de La Soummam, quand surpris par l'ennemi, il tomba dans un accrochage le 11 août 1956, 9 jours avant le congrès pour lequel Amirouche se dépensait en vue de lui assurer un bon déroulement dans la grande sécurité, car à l'époque c'était lui qui dirigeait la région de toute la petite Kabylie. Quant au remplaçant de Amar Ath Chikh à la tête de la région de Aïn El Hammam, ex-Michelet, ce fut le chahid Abdelkader Aït Iften du village de Tiguemoumine Ouacif Tizi Ouzou. Quant au fait qu'un certain Amirouche avait été signalé à Krim Belkacem qui n'en avait jamais entendu parler. Nous soulignons, des témoins vivants disent qu'Amirouche a pris contact avec Si Ali (Krim), Si Hassen (Ouamerane) et si Mohamed (Bitat) à Ouacif en juillet 1954 et une deuxième fois avec Omar Ouamerane au même lieu en septembre 1954 (témoin vivant). A la première rencontre, Amirouche rentrait effectivement de France, où il avait recruté des dizaines de volontaires pour déclencher une révolution à l'instar des voisins, Tunisie et Maroc. Il alla aux Aurès pour rencontrer Mustapha Ben Boulaïd qu'il connaissait auparavant, car étant militant et membre de l'OS, celui-ci l'orienta vers Ouacif pour contacter les trois responsables cités plus haut (témoins vivants) et c'est devant la détermination de Amirouche de passer à l'action et d'en finir avec les mascarades politiques et les différends qui minèrent le parti MTLD que cet homme prit la figure d'un élément dangereux qui n'appartient ni au FLN ni au MNA de Messali, bref un type capable de lever une bande et de mener la révolution pour son propre compte, écrit Yves Courrière. Précaution que manifesta Krim en juillet 1954 au responsable de l'OS de Ouacif (toujours vivant) : la nécessité d'amener Amirouche à des positions plus sages et d'attendre que l'heure H sonne, sans créer de perturbations. Quant aux éléments qu'il avait recrutés, Ouamerane lui expliqua qu'ils pourront intégrer leur kasma locale dans leurs douars respectifs. En conclusion, Yves Courrière qui a eu vent de ce renseignement l'a mal classé en l'annexant à la mort de Amar Ath Chikh en décembre 1954. Youcef Zertouti au n° 9 des Archives algériennes page 14 écrivait : Rentré en Algérie, Amirouche apprend à Alger en décembre 1954 que son père tout comme d'autres notables de la région ont été imposés pour 1 million de francs au hasard et injustement, proteste-t-il par un leader local trop zélé du FLN. Je vais aller à la montagne en Kabylie, explique-t-il a ses amis pour rapporter cette décision ridicule, après quoi je monterai au maquis. Il fera comme il l'a dit, il entra en contact avec le FLN de Ouacif, règle à l'amiable l'affaire de la taxe - la mesure qui avait frappé son père est annulée - puis rejoint le groupe armé le plus proche. Amirouche arrive à un moment crucial, puisque le chef du maquis de la zone de Michelet vient d'être tué dans un accrochage avec les unités françaises « fin de citation ».
Déduction
a)- Amirouche proteste contre une décision prise contre son père par un chef local zélé du FLN. Quand on sait que Amirouche fils de Amirouche Ben Ahmed est né orphelin de père, en effet, son père est décédé le mois d'août 1926, et Amirouche est né le 31 octobre 1926, l'on ne peut qu'admirer le zèle narratif du journaliste qui écrit l'histoire, mais pas un roman policier fictif.
b)- L'erreur d'Yves Courrière trouve son écho, puisque Amirouche remplace Amar Ath Chikh tombé au champ d'honneur en décembre 1954. Nous soulignons qu'aucun responsable ALN n'a été tué dans la région en décembre 1954. Stratégie commune aux deux auteurs cités en exemple : Semer le doute sur la bonne foi des moudjahidine, leur entente et leur relation avec les responsables « leader zélé ». Intervention pour reporter les décisions prise - audace payante - Amirouche sera-t-il promu ? Sera-t-il fusillé ? Tout dépend de Krim (le patron). Un certain Amirouche élément redoutable. C'est une terminologie d'influence pour mettre la population et ses notables dans le désarroi face à des bandes de zélés qui imposeraient les notables, voire des répressions de responsabilités collectives...
Conclusion
Faisons appel au ministère des Moudjahidine, particulièrement à l'ONM tous niveaux confondus, pour instituer des cellules actives de suivi démenti et correction de toute erreur portant atteinte aux hommes ou aux faits glorieux de la guerre de Libération nationale. Ce ne serait pas toucher à la liberté de l'expression ni à la démocratie si on corrigeait une certaine animatrice de radio de Chaîne III, concours de mémoire de la lutte de libération, quand elle intervient pour porter la solution à des questions qui sont restées sans réponse : « Eh bien, le surnom de guerre du colonel Amirouche est Abdellah. » Mais, c'est faux il n'avait d'autre prénom que ce lui de Amirouche. Préserver les vérités des dates, des noms de personnes, des lieux et des faits est une obligation de conscience que l'on ne saurait soumettre à discussion.
Youcef Antitène et Moussa Brahim


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