Les œuvres colorées et musicales de l'artiste peintre Souhila Belbahar se donnent à admirer, jusqu'au 10 mai prochain, à la galerie privée Dar El Kenz de Chéraga à Alger. La peinture de la doyenne des arts plastiques algériens, Souhila Belbahar, est une symphonie musicale aux multiples résonances et mouvements. Cette artiste peintre, dont la notoriété est bien assise aussi bien en Algérie qu'à l'étranger, ne cesse de surprendre aussi bien les esthètes que les profanes lors de ses remarquables expositions de peinture. La présente exposition en est la preuve tangible. Bien qu'intitulée «œuvres récentes», cette exposition de peinture compte des toiles anciennes et nouvelles. Lors du vernissage de peinture, organisé samedi dernier, Mme Souhila Belbahar a tenu à préciser que cette exposition est un hommage à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance. Elle a exposé les tableaux les plus convaincants et les plus consistants à la fois. «Cela fait longtemps que je pense à cette célébration. J'avais des ébauches chez moi. J'ai tiré mes cartons. Je dois avouer que cela fait déjà un moment que je prépare la célébration de ce glorieux événement.» En tout, ce sont pas moins de trente-quatre œuvres de dimensions variées qui se donnent à contempler avec un réel plaisir. Un jaillissement de formes et de couleurs hypnotise le regard. En effet, la peinture de Souhila Belbahar trouve son chemin dans l'agencement recherché des vibrations des couleurs ; entre elles, les couleurs vibrent, s'effacent ou s'opposent pour trouver une place de choix. L'ensemble des tableaux exposés se décline sous la forme de rêve, de méditation et de découverte. Souhila Belhabar est la seule détentrice du secret. Dans le cheminement vers la recherche de l'équilibre et de l'harmonie, l'histoire de la peinture de Souhila Belbahar se définit dans l'espace de la toile et dans le temps de sa création. La femme algérienne est omniprésente. L'artiste représente toujours la femme à son avantage. Dans Femme pétale, le chant du rossignol I et II, l'œil se délecte à la vue de ces femmes musiciennes enveloppées dans des costumes traditionnels, jouant un instrument musical de prédilection. Le tableau intitulé Lalla Zineb dévoile une femme chaouie à l'allure altière, sapée d'une blousa et de volumineux bijoux. «L'Algérienne, explique Souhila Belbahar, est magnifique, surtout dans le costume algérien. D'une ville à l'autre, le costume change. C'est un voyage initiatique que je propose à travers l'Algérie profonde.» La palette de couleurs est des plus chatoyantes. Comme le précise Souhila Belbahar, c'est l'expérience qui donne cette aisance dans le trait et dans la couleur. «C'est par le travail qu'on arrive à une simplification des formes pour mettre en évidence la ligne afin qu'elle touche.» A la question de savoir si Souhila Belbahar refuse toujours de se séparer de ses œuvres, elle avoue qu'elle n'effectue que très rarement des ventes. Elle écoule deux à trois œuvres par an et elle œuvre plutôt dans le caritatif. «Il est clair que c'est un véritable déchirement que de se séparer de l'une des ses créations. Le déchirement est d'autant plus grand quand l'œuvre vendue traverse la frontière. Je ne vous cacherais pas que je suis submergée dans mon atelier de tableaux tant la vente m'incommode», explique-t-elle d'une voix douce. En somme, la peinture de Souhila Belbahar est une peinture contemporaine, basée sur des tracés impeccables et des gammes de couleurs soignées et sobres, adaptées au caractère intimiste de sa vision de ses sujets.