Défections techniques successives, pannes quotidiennes de certains appareils et incidents graves dans le fonctionnement de radars. C'est le constat alarmant dressé par le Syndicat national du personnel de la circulation aérienne. En clair, ils appellent à un mouvement de protestation à partir d'aujourd'hui. Le DG de l'ENNA tempère et parle «de petits incidents sans gravité». Après de longs mois de négociations avec l'Entreprise nationale de navigation aérienne (ENNA) (qui n'ont toujours pas abouti) autour de la révision de l'accord salarial collectif, le Syndicat national du personnel de la circulation aérienne (SNPCA) revient à la charge, en interpellant les pouvoirs publics sur «la déliquescence de l'outil de travail dûment constatée», dit-il, par l'inspection du travail de la wilaya d'Alger. «Ce stress est aggravé notamment en raison du nombre important des pannes enregistrées quasi quotidiennement au niveau du centre de contrôle régional et de l'ensemble des tours de contrôle depuis plusieurs mois voire des années», déclare le secrétaire général du SNPCA, M. Aït Belkacem. Dans un communiqué rendu public hier, il explique : «Ces défections techniques dénoncées à maintes reprises par notre syndicat à la direction générale, mais également à l'autorité de tutelle, notamment la direction de l'aviation civile et de la météorologie sont dues essentiellement à l'absence de la maintenance, de pièces détachées, de formations cohérentes, d'absence de prospective et surtout par la non-réalisation des projets de développement, notamment celui du plan de développement et de gestion de l'espace aérien, qui devait être inauguré en 2004 pour renforcer la couverture de radar nationale et à l'acquisition d'un système de détection par satellite.» Les conséquences quotidiennes de ces «erreurs de gestion stratégiques», indique le syndicat, «sont supportées quotidiennement par les contrôleurs aériens. Ces différents problèmes compromettent la sécurité des vols et afin que les aéronefs puissent voler en toute sécurité, les contrôleurs sont contraints de prendre des risques réprimés juridiquement. De ce fait, le syndicat invite les pouvoirs publics à procéder à l'ouverture d'une enquête administrative et technique afin de définir les responsabilités concernant, à titre d'exemple, la panne inédite du 31 juillet 2011». Cet incident, note le syndicat, s'est matérialisé par «la perte totale des moyens de communication air-sol, VHF et HF (pilotes et contrôleurs aériens) au niveau de l'unique centre de contrôle régional de Oued Smar, à Alger et ce durant une heure trente minutes (de 10h50 à 12h20). Durant tout ce temps, plusieurs aéronefs étaient en évolution au départ et arrivée des aéroports algériens, mais également en survol sans escale. Cette panne a touché l'ensemble des huit secteurs dudit centre et il en a résulté immédiatement la suspension du contrôle aérien dans les normes requises et réglementaires. Afin de répondre à l'urgence du moment et d'éviter toute catastrophe, les contrôleurs en exercice n'ont fait, pendant une heure trente minutes, que l'assistance à personne en danger (…) Durant tout cet intervalle, tous les aéronefs en évolution ont contacté la fréquence du service radar de l'aéroport Houari Boumediène, dont les personnels en poste, en l'absence de qualification réglementaire, ont dû prendre en charge tout le trafic aérien hors de leur juridiction avec les conséquences juridiques que cela aurait pu avoir en cas d'accident (…) En plus de cette panne, une autre panne de lignes téléphoniques spécialisées a été enregistrée compliquant ainsi la situation et obligeant les contrôleurs aérien en service à exercer dans des conditions dangereuses. Mais ces derniers ont répondu courageusement à cette situation dramatique en redoublant d'ingéniosité allant jusqu'à utiliser leurs téléphones personnels pour maintenir les contacts entre les aéronefs.» Quelques mois après (le 12 novembre 2011), relève le syndicat, une autre panne a isolé l'ensemble des aérodromes du sud du pays pendant deux heures et à chaque fois, dit-il, des rapports sont adressés à la tutelle pour alerter sur la situation. Le syndicat fait état aussi «d'une autre panne de l'écran radar du centre de Oued Smar, le 5 avril, mais également de la multiplication de coupures et pannes des fréquences VHF engendrant des situations de stress et de cacophonie totale matérialisée par les désagréments dont se plaignent les pilotes, notamment les annulations des mises en route et débarquement de passagers». Face à cette situation, le SNPCA, «soucieux de la sécurité aérienne ainsi que de la protection physique et morale de ses adhérents, appelle les contrôleurs aériens à ne prendre en charge le trafic aérien que selon leurs capacités physiques et mentales. Nous sommes amenés malgré nous à prendre cette initiative encore une fois en raison du refus de la hiérarchie à mettre à notre disposition un outil de travail sur et fiable».