A quelques jours seulement de la fin de la campagne électorale, une observation pertinente s'impose : le poids de l'économie pèse lourdement sur les législatives du 10 mai. Une importante frange de l'électorat se dit non intéressée par le vote et, hautement, elle le fait savoir. La cause en est la détérioration constante du pouvoir d'achat et l'insupportable inflation qui érode celui-ci. Hier, si le désintérêt d'une partie de l'électorat pour les élections législatives précédentes s'expliquait essentiellement en partie par l'indisponibilité de l'emploi et du logement, aujourd'hui l'inaccessibilité et la cherté des denrées alimentaires pour la majorité des Algériens est un autre facteur important qui est venu détourner les citoyens des urnes. Nous avons pu voir ces dernières semaines des ménagères qui ont fait le tour des marchés et repartir le panier vide non sans avoir lancé des mots durs à l'égard des gestionnaires du secteur. Les responsables de l'Etat qui s'acharnent à expliquer cet état de choses par de sempiternels arguments (tantôt les intempéries, tantôt la spéculation, etc.) ne trouvent pas d'échos favorables à leurs appels tant une partie importante de l'électorat reste déterminée à ne pas répondre «au devoir national». Ces responsables continuent pourtant à appeler en même temps à ne pas mettre sur la même balance le «devenir du pays» qui se joue à travers ces élections et la cherté momentanée des denrées alimentaires. Mais la situation devient intenable pour des pères de famille au revenu modeste. Certains observateurs affirment même que tant que l'Etat continue à allouer de substantiels crédits aux agriculteurs dont une partie est détournée à d'autres fins, le secteur agricole ne connaîtra aucune embellie. Où partent alors ces sommes faramineuses injectées dans l'agriculture et qui n'arrivent même pas à assurer une autosuffisance alimentaire vivrière aux Algériens pour pouvoir songer à l'exportation dans un proche avenir ? Aucun débat sérieux n'est engagé pour clarifier et informer l'opinion publique sur la destination sur ces fonds publics si ce n'est des rapports complaisants rédigés par des responsables locaux du secteur à l'occasion des visites du ministre de l'Agriculture. Mais ceux qui s'approvisionnent régulièrement dans les marchés ont, cette fois-ci, le net sentiment que désormais la mercuriale des prix est étudiée et conçue en fonction non pas des revenus modestes, mais plutôt des salaires des cadres de l'Etat supérieurs à 200 000 DA/mois. Si cette thèse venait à se confirmer dans les prochains jours, cela ne manquerait pas de poser la problématique des disparités salariales liées à la justice sociale inscrite au fronton des institutions de la République et sans cesse claironnée par les dirigeants. Des chantiers qui s'éternisent Alors, il ne faut pas s'étonner de la faiblesse du taux de participation des électeurs au scrutin du 10 mai. Car le spectre de l'abstentionnisme plane sur la consultation législative et si le vote du citoyen est libre, il reste incontestablement lié à l'amélioration des conditions économique et sociale de la majorité qui désormais vit dans la précarité et les frustrations. A Béchar, la bureaucratie perdure indéfiniment, car sur le plan économique, la situation de la majorité empire et certains projets continuent de sommeiller dans les tiroirs de la bureaucratie tatillonne alors qu'ils sont susceptibles de redynamiser une économie locale en léthargie et résorber une grande partie du chômage. A titre d'exemple, le projet d'exploitation du gisement de manganèse dans la région d'Abadla qui a pourtant fait l'objet en septembre 2010 d'une convention de coopération entre le partenaire chinois et algérien traîne toujours. Selon la convention signée, le gisement devait être exploité au début de l'année 2011et emploiera directement plus de 150 personnes sans compter les emplois indirects. Idem pour l'exploitation d'un autre gisement de cuivre à Boukaïs (40 km au nord-ouest de Bechar). Mais le projet tant attendu de la mise en exploitation de la cimenterie de Benzireg (50 km au nord du chef-lieu de wilaya) et dont on annonce sans cesse depuis des années le lancement tarde lui aussi à voir le jour. Mais la zone industrielle détient la triste palme de l'indifférence, du laisser-aller et du peu d'intérêt accordé aux activités susceptibles de création de richesses et d'emploi. L'assiette foncière de la zone industrielle de 152 ha attend depuis 2006 l'achèvement de la viabilisation du site (AEP, assainissement, clôture, etc.) Les travaux de viabilisation confiés à une entreprise et lancés il y a six ans pour un délai de 8 mois sont toujours en cours ! Comme il s'agissait d'une opération centralisée, les autorités locales ne disposent pas réellement de pouvoir de contrôle et de suivi des travaux, car la zone industrielle est placée directement sous la tutelle du ministère de la Petite et Moyenne entreprises. Aucun investisseur n'oserait dans ces conditions s'installer sur un site dépourvu des commodités élémentaires ! Les appels, lancés à l'occasion des colloques organisés en vue d'appeler des entrepreneurs à investir dans la région sont vains, ne trouvent aucun écho et constituent d'ailleurs une incohérence de la part des pouvoirs publics.