Othmane Hammadi, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Béchar, aborde à travers cet entretien les entraves au développement économique auxquelles reste confrontée cette région du pays, notamment en ce qui a trait à l'investissement productif. Presque une année après le renouvellement des membres de la Chambre de commerce et d'industrie, pourriez-vous nous dire la nature des obstacles qui se dressent devant l'instance que vous dirigez et qui empêchent l'impulsion d'une nouvelle dynamique à l'investissement productif qui fait cruellement défaut dans la région ? Le conseil d'administration de la Chambre de commerce a été installé officiellement par les autorités locales au mois de mai 2006. La présence de nombreux responsables locaux à l'investiture témoigne de l'importance que représente la Chambre de commerce au niveau régional en tant qu'organe catalyseur pour la relance des activités économiques dans le Sud-Ouest. Mais l'honnêteté et l'objectivité m'imposent d'avouer que l'intérêt affiché au moment de cette investiture n'a pas été suivi par les mesures de facilitation que nous attendions pour pouvoir mener à bien les objectifs assignés à la chambre. A titre d'exemple, l'exiguïté du siège administratif et l'absence de toutes les commodités nécessaires à l'exercice de notre mission (absence de mobilier de bureau, fax, téléphone…) nous oblige à tenir nos séances de travail dans une salle de la commune de Béchar. Le personnel administratif de la chambre n'est pas régulièrement payé et ce depuis 8 mois. Malgré ces difficultés, les membres de la chambre ne désarment pas. Nous restons animés d'une volonté inébranlable et nous participons activement aux réunions organisées par les organes administratifs (Calpi, campagne d'explication en direction des investisseurs, visites officielles…). La région du sud-ouest offre des opportunités d'investissement indéniables. On peut citer, entre autres, le projet de la briqueterie de Béchar, la cimenterie de Benzireg, la fertile plaine agricole d'Abadla et les sites touristiques de Beni Abbès et de Taghit. Est-ce que la Chambre de commerce s'intéresse à ces projets en souffrance depuis plusieurs années ? Il faut rappeler que la chambre de Commerce est une institution de concertation et de dialogue entre les pouvoirs publics et les opérateurs économiques et constitue par conséquent une force de proposition pour la promotion de l'activité économique. L'environnement de l'investissement dans tous les secteurs de l'activité économique au niveau de la wilaya reste essentiellement conditionné par l'octroi des avantages fiscaux et parafiscaux, des crédits bancaires ainsi que de l'exécution des dispositifs de fonds de soutien au développement du Sud, le fonds de garantie des crédits et le fonds de soutien à l'investissement. Pour ce qui est de la briqueterie à l'arrêt, il faut savoir que le lancement de ce projet reste conditionné par la réalisation d'une station de gaz prévue à Ouakda et d'un réseau pour l'alimentation de l'usine, mais aussi par l'octroi de crédits et avantages fiscaux et parafiscaux prévus en zone dérogatoire. La zone industrielle longtemps délaissée vient de bénéficier récemment d'une enveloppe budgétaire de 30 milliards de centimes destinée à la viabilisation du site industriel. Quelle proposition comptez-vous faire pour hâter le parachèvement des lots qui restent encore à viabiliser ? A la chambre, on ne peut qu'exprimer notre satisfaction de voir enfin les pouvoirs publics prendre en charge les problèmes de la zone industrielle liés à la viabilisation, à l'aménagement et autres mesures d'accompagnement (électricité, gaz, assainissement, téléphone…). Mais je souhaiterais par la même occasion et pour plus d'équité et d'équilibre en matière de répartition des investissements qu'une partie des affectations budgétaires aille aussi au niveau des daïras pour le développement des activités artisanales et la promotion du produit touristique. Ne trouvez-vous pas que le prix du foncier industriel fixé à 800 DA le m2 à Béchar constitue un facteur de découragement pour tout investisseur qui veut s'installer dans la zone industrielle, alors que le prix du foncier industriel à Ghardaïa par exemple ne dépasse pas les 450 DA le m2 ? Le marché du foncier est soumis aux règles et aux conditions de l'offre et de la demande. Je souhaiterais pour ma part que soit appliqué pour la wilaya le régime dérogatoire prévu en matière de prise en charge des abattements des prix sur les terrains domaniaux relevant des agences foncières et par le fonds du Sud ainsi que la cession de terrains domaniaux, comme prévu dans les anciens textes régissant l'investissement dans les zones spécifiques. Par ailleurs, il y a lieu de relever que par rapport à nos voisins maghrébins, nous enregistrons un important retard sur le plan de l'investissement dans le secteur de la petite et moyenne entreprises. Pour rattraper ce retard, il est impératif d'appliquer la réglementation concernant l'octroi des avantages, l'attribution de crédits à long et moyen termes et de débloquer au plus vite les fonds pour le développement du Sud, fonds de garantie de crédits et fonds de soutien à l'investissement. Enfin il faut souligner aussi que les banques n'adhèrent pas encore à l'attribution de crédits en direction des entreprises privatisées et l'exigence par les services de l'ANDI d'un versement au préalable d'une caution de l'ordre de 5% pour bénéficier des avantages est jugée exorbitante.