Une demande de la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire sur les émeutes qui ont éclaté dans plusieurs régions du pays en janvier dernier a été déposée au début de cette semaine sur le bureau de l'Assemblée populaire nationale. L'initiative émane d'un groupe de députés FLN, soit le parti détenant le plus grand nombre de députés au sein de la première Chambre du Parlement. Le bureau de l'APN examinera, lors de sa prochaine réunion, cette proposition qui sera, sans aucun doute, validée, selon des sources proches de l'instance parlementaire. La commission d'enquête parlementaire lancera alors des investigations, sur l'ensemble du territoire, pour comprendre les raisons qui ont incité des jeunes, notamment dans les quartiers populaires, à sortir dans la rue protester contre la cherté de la vie. à l'époque, l'on pensait que les augmentations opérées sur les prix de certains produits étaient à l'origine de la révolte populaire. Ce qui a amené le gouvernement à prendre, en urgence, des mesures à même de baisser ces prix et calmer par là même les esprits. D'autant que dans de nombreux pays, dont la Tunisie voisine, la contestation de rue prenait de plus en plus d'ampleur. De fil en aiguille, il apparaissait clairement que la flambée des prix de ces denrées alimentaire de première nécessité n'était guère la seule responsable de l'embrasement. Une multitude de facteurs accentuant le malaise social, couplée aux différents lobbies dont celui du commerce informel, font que l'Algérie se retrouve sur une poudrière qui risque d'exploser d'un moment à l'autre et de faire beaucoup de dégâts. Si la démarche des députés, qui souhaitent vraisemblablement diagnostiquer le mal, se justifie, il n'en demeure pas moins que les expériences passées ont malheureusement montré que les enquêtes parlementaires, au-delà de l'effet d'annonce, n'induisent aucun impact réel sur l'objet qui a motivé leur constitution. Treize ans après, la commission d'enquête parlementaire sur la fraude électorale des législatives de 1997 n'a pas livré ses secrets. Son rapport, disparu mystérieusement avant qu'il ne soit rendu public, n'a toujours pas été retrouvé. Du moins officiellement. Il en a été de même pour l'enquête parlementaire mise en place sur les évènements de la Kabylie en 2001. Sauf changement miracle dans les pratiques politiques du pouvoir en place, il est peu probable, sans préjugés démesurés, que la présente initiative des élus du FLN atteigne les objectifs qui lui sont assignés. Souhila Hammadi