L'ENTV demeure fidèle à ses pratiques de censure. Nous ne constatons aucun changement, aucune ouverture. L'Unique couvre seulement les officiels et boycotte l'opposition», déplore le docteur Mohamed Youcefi, premier responsable du Syndicat des spécialistes de santé publique (SNPSSP). 50 ans après l'indépendance, les citoyens regrettent que la liberté d'expression et d'information soit toujours bafouée en Algérie. Le syndicat des spécialistes, à l'instar des organisations autonomes, dénonce l'embargo des médias publics (audiovisuels notamment) imposé sur leur activité. Pour eux, les réformes annoncées par le président de la République restent lettre morte, puisque sur le terrain, la situation demeure toujours la même. Des grèves secouent plusieurs secteurs, mais l'Unique n'en souffle pas mot. Des citoyens se plaignent de la cherté de la vie, de la pénurie de médicaments, de la misère, du manque de logements, et la chaîne publique continue de servir des discours de ministères évoquant la distribution de milliers de logements, de la pomme de terre qui ne fait pas défaut, de l'absence totale de pénurie de médicaments… «La télévision algérienne est financée par le contribuable. Elle est censée donc être au service du citoyen. Malheureusement, en Algérie, ce n'est pas le cas», attestent les syndicats activant dans différents secteurs. Ces derniers ne comprennent pas l'attitude et la démarche de l'Unique qui donne la parole à un ministre qui menace les syndicats de ponction sur salaire et en parallèle, elle ne donne pas la parole à ces syndicats pour défendre leur cause et informer les citoyens de ce qui se passe. Selon eux, il s'agit là d'une pratique anticonstitutionnelle puisque le droit à l'information est une obligation. Le docteur Youcefi explique que les journalistes de cette chaîne ainsi que ceux exerçant à la radio font leur boulot convenablement, mais dans la plupart des cas, leur travail est censuré. Pour appuyer ses dires, le syndicaliste donne un exemple édifiant. Selon lui, la semaine dernière, une équipe de la radio s'est déplacée au ministère de la Santé pour couvrir le sit-in des praticiens. «Les journalistes ont respecté les règles de déontologie en donnant la parole à tout le monde. Seulement, lors de la diffusion de cet événement, la radio, comme la télévision, l'on a entendu que la partie officielle, à savoir le ministre de la Santé», déplore-t-il. «Nous avons pris attache avec les responsables de la radio pour demander des explications. Ceux de la rédaction nous ont clairement signifié qu'ils ont reçu des instructions d'en haut», affirme le docteur Youcefi qui se dit outré par une telle pratique. Il précise qu'il est normal que la Algériens se rabattent sur les chaînes étrangères pour s'informer et s'exprimer. Des syndicats, des fonctionnaires, des universitaires sont également «interdits» d'antenne en raison de leur position critique. «Nous sommes boycottés par l'Unique, car nous n'épousons pas les idées du pouvoir, mais nous sommes sollicités par les chaînes étrangères. C'est pour nous une opportunité pour expliquer aux Algériens qui tournent le dos à l'Unique nos préoccupations», note un enseignant. Les partis politiques d'opposition sont également victimes de cette censure. Les partisans du boycott des législatives, par exemple, n'ont aucune chance de passer à la TV et à la radio.