L'édifice a été construit à la même époque que deux autres, à Alger et Tlemcen. Située à la rue Larbi Ben M'hidi, à constantine, la Medersa, construite entre 1906 et 1909, est un patrimoine méritant une considération digne de son histoire et de son architecture néo-mauresque. Ce nouveau genre d'architecture vulgarisé durant la période coloniale, traduit la fusion établie entre l'architecture classique européenne et celle mauresque de l'Algérie. Selon une étude realisée par M. Bensid, enseignant à l'université Mentouri de Constantine, la Medersa et l'hôtel Cirta représentent «deux exemples de ce nouveau style caractérisé par l'utilisation en masse des arcs, des coupoles, des colonnes et des encorbellements; il se distingue également par l'utilisation de la tuile verte et de la mosaïque. L'édifice en question renferme toutes les finesses accumulées dans cette combinaison architecturale. Présentant une façade simple et austère comportant trois coupoles, cette construction éclate littéralement à l'intérieur en colonnades, bois sculpté, faïence, marbre et céramique. L'entrée qui se fait par des escaliers enjambant la rue principale, et qui se veut monumentale, vu sa conception, abrite un véritable musée pour la mosaïque et la symétrie–symbole du style européen, L'immeuble de 2096,67 m2 est constitué de 4 corps de bâtiments s'articulant autour d'un patio marqué par un jet d'eau installé délicatement au milieu». Notons que ce type de construction est majoritaire dans l'ensemble du tissu urbain de la ville (monuments religieux, hammams, demeures, palais, Medersas, etc.) Pour son histoire, nous saurons qu'après la conquête militaire de l'occupant français, ce dernier s'est référé à une autre politique dont le but est de redonner confiance aux autochtones en les détournant de ses intensions d'impérialiste. «Construite en parallèle avec les écoles coraniques qui existaient à Constantine, telles l'institut Abdelhamid Ibn Badis, El Ketania, Djamaâ Sidi Lakhdar, la Medersa a été érigée pour faire croire aux gens que la France n'est pas seulement colonialiste mais aussi un pays dont l'intérêt est la propagation de la culture locale», nous a éclairé Ibrahim Lazri, membre de l'association Les amis du musée Cirta de Constantine. «Achevée, l'institution française de l'époque, a été affectée à la formation des Oulémas auxiliaires, c'est-à-dire des étudiants qui viennent apprendre la théologie musulmane selon la doctrine française, laquelle marchait avec ses objectifs colonialistes», a épilogué notre interlocuteur. Il faut rappeler que cette école franco musulmane constitue l'une des trois médersa fondées en Algérie durant la même période, et pour le même dessein; il s'agit de la Medersa d'Alger, inaugurée en 1904, et celle de Tlemcen, en 1905. Après l'Indépendance, l'école a été dénommée centre universitaire, puis académie universitaire. En 2003, les lieux on fait l'objet d'une opération de restauration portant essentiellement sur le revêtement des murs et du sol, le lambrissage et la boiserie. Actuellement, la structure abrite une annexe du département de sociologie de l'université Mentouri de Constantine où nous avons constaté que les différentes salles ont été transformées en laboratoires de recherche. Jouissant d'un emplacement stratégique, car elle se trouve près de la vieille ville (Souika), avec une vue imprenable sur le ravin du Rhumel, ce joyau pourrait devenir une destination touristique et/ou un espace pour expositions artistiques.