On dit de Tlemcen que c�est une ville d�art et d'histoire, et nul ne peut lui contester ce noble qualificatif, mais la capitale des Zianides est avant tout la capitale des arts et des lettres. Les dynasties r�gnantes sur cette cit� ont toujours tenu � faire participer � la vie de la cour des savants et des �crivains Ibn Khaldoun et Abdjalil. Les T�nessis en sont de remarquables t�moins. C�est ainsi que Tlemcen, la ville des lumi�res, s��tait dot�e de cinq medersas. Le nom de medersa pr�sente plusieurs vocations, il signifie � la fois coll�ge, acad�mie et universit�. Selon le c�l�bre ca�d hammadite Ben Sekkal, trois medersas dispensaient un enseignement sup�rieur. Sous le r�gne du sultan Abou Hammou, dans le coll�ge des Ouled El-Imam, deux jurisconsultes, Abou Za�d et Abou Moussa, enseignaient les math�matiques et l�histoire. Le successeur de Abou Hammou, un prince passionn� des beaux-arts et d�architecture, fit construite la medersa tachfinya pour l'enseignement sup�rieur des sciences et de la th�ologie. A l��poque, cette medersa s��tendait jusqu�� la salle des f�tes de la mairie, dans la rue Clauzel ; en 1846, ce temple du savoir n��tait plus que vestiges. Dans ses �crits, Alfred Bel se livre � une v�ritable m�ditation historico-culturelle. De ces anciennes universit�s du Maghreb central, notamment celles de Tlemcen et de Bougie qui furent les plus importantes, aucune n�a surv�cu � l�occupation turque et de deux de ces biblioth�ques install�es � la grande mosqu�e par les rois Abdel El-Wadite au XIXe si�cle, il ne restait plus rien au moment de l�occupation fran�aise, cette medersa fut d�molie en 1873 pour permettre la construction de la mairie de Tlemcen. Les medersa �taient toujours situ�es � c�t� d�un lieu de culte et pour cause, spiritualit� et sciences �taient indissociables. Le mot medersa rendu c�l�bre par les coll�ges tlemc�niens a �t� conserv� par les Fran�ais. En 1852, l�autorit� coloniale fran�aise institua trois medersas en Alg�rie, � Constantine, � Tlemcen et � M�d�a. Cette derni�re sera transf�r�e � Blida en 1853, puis � Alger en 1859. Le premier directeur civil de la medersa de Tlemcen fut Goderfroy-Demonbynes, qui fut aussi un grand savant. A sa mort, ses confr�res, en guise d�hommage, publient ses recherches au Caire en 1945 dans un livre intitul� M�langes Gaudefroy-Demonbynes. Son successeur William Mar�ais publia plusieurs articles arabes et un ouvrage sur les monuments de Tlemcen. Au d�but du si�cle, plus de cinquante �l�ves fr�quentaient la medersa. En 1896, des cr�dits furent d�gag�s pour construire une nouvelle medersa qui fut inaugur�e par le gouverneur g�n�ral, qui prit la direction de ce nouveau temple du savoir et qu�il d�crit comme une heureuse adaptation de la d�coration du style hispano-mauresque, construite sur le type de maison arabe. Alfred Bel fut l�un des grands directeurs de cette medersa, jusqu�� sa retraite en 1936. Tlemc�nien, il fut le meilleur connaisseur de cette cit�, il allait souvent au contact de la population musulmane pour s�instruire des coutumes et du pass� tlemc�niens. La medersa tlemc�nienne reste ce grand foyer de culture, qui a form� l��lite musulmane et les meilleurs historiens du si�cle pr�sent, mais elle fut surtout un lieu de tol�rance.