«Et le gagnant est…». Ces mots stimulants, pleins de suspense et d'espoir, ont fait battre le cœur des enfants candidats qui ont assisté, vendredi, à la cérémonie de distribution des prix du concours photo «Ton regard sur le patrimoine». Certains ont même vécu leur quart d'heure de gloire en décrochant l'un des six prix du concours organisé en six catégories. L'événement, qui s'est produit à Batna, à l'initiative de l'association des Amis du Medghacen, a tenu toutes ses promesses et même plus. C'est manifestement l'action la plus importante du programme du Mois du patrimoine de cette année. L'association a distribué, en avril, plus de 1800 appareils photo à des collégiens (entre 12 et 14 ans) des 61 communes que compte la wilaya de Batna. Les jeunes participants devaient immortaliser des sujets liés au patrimoine culturel : vestiges, folklore, objets et vêtements traditionnels, etc. Et l'idée a surpris en prenant une dimension plus importante que prévu. «Tout le monde s'est prêté au jeu ! Certains ont fait sortir leurs plus belles tenues traditionnelles et parures, d'autres leurs anciennes poteries et leurs armes les plus rares et certains se sont même improvisés acteurs et modèles le temps d'une pose, dans des mises en scène bien conçues par nos photographes en herbe, qui ont pu interpréter le thème du patrimoine selon leur imaginaire», souligne Azeddine Guerfi, président de l'association. L'engouement s'est manifesté à travers plus de 40 000 photos enregistrées par les jurys locaux. Hélas, seulement 136 ont été retenues pour l'exposition et d'aucuns pensent que le reste contient un fonds qu'il convient d'exploiter aussi. L'exposition, abritée par la maison de la culture de Batna, a pris fin donc avec l'annonce, vendredi dernier, des lauréats du concours, en présence d'un public nombreux composé des enfants et de leurs parents, tous tenus en haleine par le contenu des enveloppes entre les mains des membres du jury. Ce jury, qui a eu à départager – difficilement – les concurrents, se composait de la journaliste, Malika Abdelaziz, de l'universitaire, Chaâbane Hamouda (fils du colonel Si el Haoues), le plasticien, Rachid Mouffok, l'architecte, Nawel Dahmani, également sous-directrice au ministère de la Culture, et aussi Mohamed Skander, artiste et enseignant à l'Ecole des beaux-arts de Batna. L'objectif premier de cette initiative a été largement atteint, selon les organisateurs. Il s'agit de sensibiliser les enfants au patrimoine de leur pays et leur permettre d'intérioriser et de consolider leur lien avec leur identité et leur histoire. Chaâbane Hamouda, président du jury, n'en pense pas moins. Pour lui, «c'est une initiative originale. Le fait de cibler des enfants et de les intéresser, d'abord à la photo et leur faire découvrir leur patrimoine avec toutes ses facettes. L'enfant apprend à s'intéresser à son environnement et à questionner aussi sa famille, sa mère, sa grand-mère, qu'est-ce que c'est que ça ? Pourquoi on ne l'a pas aujourd'hui ? Je trouve que c'est pédagogique, ça a une dimension culturelle très intéressante et cela s'inscrit dans une portée d'avenir». L'exposition sera, par ailleurs, inaugurée le 12 mai au Bastion 23 à Alger. A signaler aussi que l'événement s'est prolongé par l'organisation de la première édition du Trail des Aurès, un semi-marathon, qui part de T'kout et se termine aux balcons de Ghoufi. L'association, en collaboration avec les services du ministère de la Culture, a planté des panneaux signalétiques indiquant les sites historiques qui se trouvent sur cette distance au cœur des Aurès.