Les trois équipes de l'Aviron Hamra, la Protection civile et du Hillal Sahli, réunissant plusieurs athlètes internationaux, sont confrontées à de nombreuses difficultés. Au delà de l'absence des moyens financiers qui leur impose de cotiser pour s'entraîner ou participer à des compétitions, il y a également l'indisponibilité d'un lieu adapté pour les entraînements et pour l'entreposage de leurs équipements. Un mur en béton haut de plusieurs mètres, un chantier où s'entassent pèle-mêle des matériaux de construction, un plan d'eau constamment squatté par les pêcheurs, armateurs ou clochards... forment le quotidien de cette catégorie de sportifs, ignorée par les autorités locales dont la direction de la jeunesse et des sports. Leurs multiples appels de détresse et démarches pour sauver la pratique de l'aviron pratiquement à l'agonie sont restés sans suite. Pourtant, plusieurs athlètes sont nantis d'un palmarès qui aurait dû, sur le plan local et national, leur valoir une meilleure considération. Des titres de champion et de coupe décrochés un peu partout en Algérie, en Europe et en Afrique, dont celui de vice-champion en 2002 pour une 1re participation en Egypte et champion d'Afrique 2004 en Tunisie. Les frère et sœur Derias et Garidi Mohamed Riad, sociétaires de l'équipe nationale, font figures de tête de liste des athlètes algériens ayant représenté dignement les couleurs nationales dans les grandes compétitions continentales et mondiales. « L'on aurait pu améliorer nos performances et imposer la suprématie algérienne à chacune de nos participations internationales. Très optimistes à nos débuts, nous avions la ferme volonté de faire de l'aviron local et national un facteur de fierté du monde sportif algérien avec d'autres jeunes espoirs aux capacités techniques et physiques individuelles et collectives intrinsèques certaines. Les difficultés auxquelles nous sommes confrontés et l'indifférence de ceux en charge de la pratique sportive nous ont quelque peu émoussés. Que l'on s'intéresse à nous tout autant que le football et autres disciplines, nous aussi avons besoin d'aide », avoue M. Bouzebda, président de la ligue. Concernant les athlètes, la présence des représentants de la presse dans ce petit coin du port de pêche la Grenouillère de Annaba a surpris plus d'un. Surpris mais également ravi d'avoir l'occasion d'exprimer des satisfactions et des ressentiments de ne pouvoir faire mieux faute de moyens matériels et financiers. Dans le vieux container rouillé qui leur sert de local où ils s'entassent quotidiennement aux côtés des rames et produits d'entretien des barques, les athlètes (garçons et filles) voulaient exprimer leurs ambitions et préoccupations. M. Derias, leur entraîneur, dira : « Nous sommes là depuis 2002. Nos athlètes ont d'immenses capacités qui ne demandent qu'à être exprimées. Malheureusement, les conditions dans lesquelles nous travaillons actuellement ne s'y prêtent pas. Pour atteindre notre lieu d'entraînement, nous sommes contraints de traverser avec nos équipements des chantiers très dangereux avec ce que cela sous-entend comme risques pour les athlètes et le matériel. »