Le tourisme dont on dit souvent qu'il représente une autre vocation de la wilaya, à côté de l'agriculture, bat de l'aile à Boumerdès. Son développement demeure un vœu pieux malgré les prédispositions naturelles de la région et l'aisance financière du pays. Depuis dix ans au moins les pouvoirs publics en parlent mais sans aucun résultat palpable sur le terrain. Boumerdès est de ce fait loin de l'attractivité des autres villes côtières comme Bejaia, Oran, Annaba et Alger. Pourtant Rocher Noir, Dellys, Zemmouri, les gorges de Ammal, Bouzegza et d'autres atouts encore mal connus et peu valorisés ne manquent pas de susciter chez le citoyen un intérêt particulier. Cet état des lieux est provoqué par le fait qu'on ne se rappelle de l'aspect touristique de cette région qu'en été lorsque des estivants sont attendus en grand nombre au bord de la mer. Les autorités locales commencent généralement à «préparer la saison estivale» au mois de mars. D'importantes sommes sont dégagées chaque année pour la «réhabilitation» des plages mais sans jamais penser une stratégie de développement global et durable du secteur. Sur une échelle plus large, plusieurs «zones d'expansion touristique» (ZET) sont programmées le long de la côte. Elles vont de Boudouaou El Bahri (à l'ouest de la wilaya) jusqu'à Afir (à l'est) en passant par Corso, Boumerdès, Thenia, Zemmouri, Cap Djinnet et Dellys. Cette privatisation dont profitent des «investisseurs» des pays du Golfe ne fera qu'aggraver l'exclusion en restreignant l'accès aux plages. Le domaine maritime est ainsi privatisé doucement, discrètement, sans que cela ne soulève la moindre protestation des associations se réclamant des défenseurs des droits du citoyen, de l'environnement et de l'écologie. Après la Mitidja, le massacre s'étend au littoral. D'autres facteurs de développement du tourisme sont négligés à Boumerdès. Dans le domaine du transport, par exemple, la wilaya est caractérisée par une anarchie totale. Les transporteurs imposent leur loi aux voyageurs et personne ne peut les contrôler ou leur imposer une conduite adéquate. Sur tout le territoire de la wilaya, y compris au chef-lieu, il n'existe pas une gare routière bien aménagée. Boumerdès est la seule peut-être à l'échelle nationale à ne pas disposer de lignes de taxis collectifs. «Pour aller de Dellys à Boumerdès, il faut attendre qu'un bus se remplisse», dénonce un habitant. Les habitants de Khemis El Khechna, Hammadi, Ouled Hadadj doivent passer par Rouiba ou Reghaïa pour se rendre au chef-lieu de wilaya. Sur un autre plan, la wilaya ne dispose pas d'établissements touristiques à même de recevoir des visiteurs étrangers. La dégradation de la situation sécuritaire est un autre handicap, et pas des moindre, à l'essor du tourisme à l'ex-Rocher noir.