La professionnalisation de l'Armée, sa modernisation et le développement de la place de la femme dans ses rangs ont été examinés hier par le conseil de gouvernement. Dans ce sens, un projet d'ordonnance consacré au statut des personnels militaires a été adopté. A travers ce projet d'ordonnance, il est question, a-t-on expliqué dans le communiqué rendu public à l'issue des travaux de ce conseil de gouvernement, de construire le socle juridique des statuts particuliers devant régir les différentes composantes de l'Armée nationale populaire (ANP). Il prend en charge deux volets importants, à savoir la modernisation et la professionnalisation des forces armées du pays à travers la valorisation poussée de la formation et de la compétence, la généralisation de la sélection par le concours précédant la formation, l'adaptation de la fonction militaire au droit international. Ce projet de texte a également, et pour la première dans l'histoire du pays, prévu des conditions adaptées pour permettre le développement de la place de la femme dans les rangs de l'ANP. Il est vrai que les femmes, notamment diplômées, ont déjà fait leur entrée dans le domaine militaire pour investir plusieurs secteurs d'activité, même si leur nombre reste encore très faible. Il est important de signaler qu'il s'agit là d'une première en matière d'égalité des chances dans le travail, puisque l'ANP est la seule institution à avoir introduit des dispositions légales dans le projet de statut des personnels militaires pour encourager le recrutement et la promotion du personnel féminin dans ses rangs. Une initiative apparue avec le projet de professionnalisation et de modernisation qui remonte à 1985. Malheureusement, la crise économique, les événements de 1988, puis la période du terrorisme ont bloqué cet élan de changement. Ce n'est qu'en début 2000 que le dossier a été repris en main. Une équipe d'experts a été installée au niveau du ministère de la Défense pour engager une réflexion autour d'un changement au sein de l'Armée dans le sens de la professionnalisation et de la modernisation pour que l'ANP retourne dans les casernes pour assumer sa mission constitutionnelle de protection des frontières. Les premières mesures ont d'abord concerné le service militaire. De milliers de jeunes ont été amnistiés de ce service dans le but de soulager l'institution militaire d'un effectif de plus en plus important et coûteux. La durée de cette obligation a diminué de six mois et devrait dans le cadre de la réforme de l'institution militaire être revue à la baisse pour atteindre au maximum 12 mois et au minimum 6 mois. Les responsables espèrent arriver à une armée réduite, mobile et professionnelle. Ces objectifs ont été longuement affirmés à travers les nombreux discours officiels des responsables de l'ANP et du président de la République. Une exigence nécessaire et urgente vu les engagements de l'ANP envers l'OTAN avec laquelle un processus d'intégration a été lancé dès la fin des années 1990. Néanmoins, toute cette stratégie a été menée alors que les plus hauts postes de responsabilité au sein de cette institution sont restés entre les mains de ceux-là même qui les occupaient il y a plus de 15 ans. Ces milliers de jeunes officiers qui ont fait les écoles algériennes ne sont toujours pas arrivés aux commandes de l'ANP. Parmi eux plusieurs ont été même mis à la retraite par ceux-là même qui les ont recrutés et formés il y a de cela deux décennies. Cette situation a créé une frustration profonde, notamment chez ceux qui ont fait leurs preuves durant les années 1990 en affrontant le terrorisme, et a ralenti sérieusement la politique de professionnalisation pour laquelle chaque année, depuis 2000, un budget conséquent lui est consacré.