«D'un printemps à l'autre», l'événement mis en place par l'Institut français de Valencia, en Espagne, jusqu'en avril, sous la houlette de son directeur Pascal Letellier et Bouziane Ahmed-Khodja, voulait relier le printemps algérien de 1962 – l'indépendance – et les révolutions arabes. Une manière de marquer le cinquantenaire de l'indépendance algérienne. Au programme : expositions (photos d'Abib Lacène, peintures de Rachid Koraïchi, performance de l'artiste l'Atlas) projections de films, tables rondes… dont une qui a réuni l'écrivain mémorialiste espagnol Alfons Cervera, Anouar Benmalek, Pierre Daum et Bouziane Ahmed-Khodja. De la guerre d'Espagne à la guerre d'Algérie, la nécessité de faire place à la mémoire pour faire pendant à l'histoire – qui est écrite par les vainqueurs, nous le savons – a fait l'unanimité. Pour remettre en cause le grand récit historique fabriqué qui, en instituant des mythes, ne laisse pas place aux vaincus. Devant un parterre nombreux, mêlant Français et Espagnols, l'échange a permis d'interroger la littérature dans le travail de mémoire : que peut la littérature ? Ces événements ont eu lieu également à Alicante, ville qui, en 1962, a reçu nombre de pieds-noirs d'origine espagnole (ou non) venus d'Algérie. A l'université, devant un parterre d'étudiants motivés, informés, les intervenants, rejoints par Nathalie Funès, journaliste et auteur de Mon oncle d'Algérie, ont pu évoquer les mémoires plurielles, souvent concurrentielles et conflictuelles en France, dans un climat empli de sérénité et de lucidité. Au lycée, les élèves ont soulevé nombre de questions relatives à la mémoire de leurs familles, le rapport à l'Algérie et à la guerre du même nom. L'événement de ces rencontres aura été sans conteste le café littéraire tenu justement dans un café de la ville, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit du café Marcel Cerdan, tenu aujourd'hui par son fils et sa petite fille. Un lieu chargé d'histoire où se retrouvent nombre d'anciens venus d'Algérie. Animé par Bouziane Ahmed Khodja, le café littéraire a réuni aussi des universitaires espagnols tels Josefina Bueno, Juan David Sempere Souvannavong, Angeles Sirvent, Jose Luiz Arraez, Eva Lapierda, ainsi que Caroline Herrero de la Casa Mediterraneo et Naïma Benaïcha, universitaire algéro-espagnole. Une rencontre conviviale marquée par des échanges remarquables, entrecoupée d'interventions du public présent. Un beau moment ! D'autres événements ont marqué ce printemps du Levant dont une pièce de théâtre de Slimane Benaïssa, montée par des étudiants espagnols, en sa présence. D'un printemps, l'autre a été clôturé par une conférence de Wassyla Tamzali, femme de conviction.