La mort de Nabil Allouache n'a pas été portée à la connaissance de sa famille, qui était aussi dans l'ignorance que sa dépouille se trouvait dans un autre hôpital. Qu'un ami vous appelle pour vous annoncer le décès d'un de vos proches que vous avez hospitalisé quelques jours plus tôt est une épreuve pénible. Mais quand il vous annonce, au bout du fil, que votre parent a rendu l'âme la veille, et de surcroît dans un autre hôpital, éloigné de celui où vous l'avez hospitalisé, l'épreuve est beaucoup plus pénible. C'est ce qui vient d'arriver à la famille Allouache de Béjaïa, qui a hospitalisé un des siens à l'hôpital psychiatrique de Oued Aïssi et qu'elle a découvert mort à l'hôpital… d'Azazga. Dans une lettre ouverte qu'elle adresse aux autorités du pays et au conseil de l'Ordre des médecins, elle se pose des questions sur les conditions dans lesquelles est décédé un des siens. «Notre frère, Nabil Allouache, âgé de 37 ans, a été hospitalisé le 10 avril dernier à l'hôpital psychiatrique de Oued Aïssi, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Comme lors des précédentes hospitalisations, la famille envisageait un rythme régulier de visites hebdomadaires. Quelle n'a été notre surprise d'apprendre avec beaucoup de mystère, par un ami de la famille voulant lui rendre visite, à notre demande, le 19 avril dernier, que notre frère est décédé et que son corps se trouve dans la morgue de l'hôpital d'Azazga, et ce, depuis le 18 avril !», écrit la famille Allouache. La mort de Nabil Allouache n'aurait donc pas été portée à la connaissance de sa famille qui était aussi dans l'ignorance que sa dépouille se trouvait dans un autre hôpital. Les Allouache veulent des réponses à de nombreuses questions qui les torturent. Ils s'interrogent sur le motif et les moyens du transfert du corps du défunt vers l'hôpital d'Azazga «situé à 30 km de Tizi Ouzou, alors que le CHU n'est qu'à quelques encablures de Oued Aïssi». «Dans quelles circonstances notre frère est-il décédé, est-ce une faute professionnelle ?» Autant de questions avec lesquelles vit la famille du défunt qui émet «l'espoir de découvrir ce qui s'est réellement passé à l'hôpital de Oued Aïssi». «Le décès de Nabil Allouache est survenu le 18 avril au cours de son transfert à bord d'une ambulance vers un centre de soins de Béjaïa pour un suivi sérieux. Il été accompagné par deux soignants. Le transfert a été recommandé par des médecins avec une lettre d'orientation, après avoir stabilisé l'état du patient», soutient le directeur de l'EHS en psychiatrie de Oued Aïssi. Une urgence médicale ? «Le minimum serait d'alerter sa famille, chose non faite», affirment les Allouache. «Présentant des troubles organiques, notamment une distension abdominale et un ballonnement du ventre, il a été évacué trois fois vers le CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, devant la persistance de la maladie. Nous lui avons administré les soins nécessaires ici même à la psychiatrie et au niveau du CHU de Tizi Ouzou», explique le directeur de l'EHSP de Oued Aïssi, qui a regretté le fait que la famille du défunt fût injoignable à ce moment et absente lors de la visite.