L'assemblée générale extraordinaire du bureau national de l'association SOS Femmes en détresse s'est transformée jeudi en un procès en bonne et due forme de la gestion de la présidente, Meriem Bellala, absente des travaux. Après avoir fait état des différents griefs retenus contre la responsable, les membres du bureau ont décidé de lui retirer la confiance et d'installer un bureau provisoire chargé de gérer la situation de crise, en attendant la réélection des instances dirigeantes. La salle de conférences du Palais de la culture à Alger a servi de tribune à près d'une centaine de femmes, membres du bureau national, membres fondatrices ou tout simplement des adhérentes et sympathisantes de cette association, pour dénoncer la situation jugée « très grave et honteuse » à laquelle est arrivée leur organisation. Les témoignages d'une ancienne directrice du centre d'accueil, de la responsable de la trésorerie et de certains membres de la direction du bureau ont choqué l'assistance. « Les pensionnaires de ce centre ne vivent qu'avec les saisies opérées par les policiers, alors que les fonds qui arrivent à l'association sont énormes. Il n'y a aucune comptabilité, bilan des activités. Tout se passe en dehors des statuts et des règlements... », a déclaré Mme Halima Sadat, ex-trésorière de l'association. Les mêmes propos sont tenus par l'ancienne directrice du centre d'accueil, qui a dénoncé « l'absence de fichiers des pensionnaires et l'anarchie dans la gestion des dossiers ». Elle a lu à l'assistance un extrait d'un rapport d'audit « élaboré par une ONG internationale faisant état de graves dysfonctionnements au point de se demander si l'association existait réellement ». Devant l'assistance, l'ex-avocate de l'association, Me Badi Atahdacht, a rappelé l'épisode de l'été dernier, lorsqu'en juillet 2005, la première vice-présidente et la trésorière ont déposé plainte contre leur présidente auprès du tribunal de Sidi M'hamed, pour « faux et usage de faux, malversation dans la gestion et détournement de biens de l'association ». Suite à cette affaire, les comptes de l'association ont été gelés, mais, a révélé l'avocate, « nous avons découvert après qu'elle a ouvert un autre compte à la Société Générale, avec de fausses signatures... ». D'autres témoignages de certaines bénévoles ont poussé les moudjahidate membres fondatrices de cette association, telles que entre autres Mmes Ouzgane, Djouhar Akrour, Boutaghène, Fadéla Attia, Mimi Ladada, a appelé les membres du bureau, présentes dans la salle, au nombre de sept sur douze (d'autres ont transmis des procurations), à désigner un bureau provisoire chargé de gérer la crise après le retrait de confiance à la présidente, et ce, en attendant le renouvellement des instances dirigeantes de l'association. Ce bureau est composé de sa présidente, Fatma Ouzgane, Djouhar Akrour, 1ère vice-présidente, Mimi Ladada, 2e vice-présidente, Fadéla Attia, 3e vice-présidente, et Karima Alilatène, secrétaire générale de l'association. A signaler que cette association a été créée par les anciennes combattantes de la révolution et militantes des droits des femmes, en 1991. Le passage de la défunte Mme Bouzar, entre 1997 et 1999 a été comme un souffle d'oxygène qui a poussé l'organisation à s'imposer sur la scène en prenant en charge pour la première fois dans l'histoire du pays des femmes en détresse, notamment battues ou chassées par leur mari. Mme Bellala a pris les rênes de l'association en 1999.