Les contestataires dirigés par la moudjahida, Fettouma Ouzegane, ont investi, hier, le centre d'accueil pour déloger ses pensionnaires. Une des locataires a tenté de se suicider. Le centre d'accueil de l'association SOS Femmes en détresse, sis à Bobillot, Alger, a connu hier une matinée mouvementée, suite à son envahissement par un groupe de femmes dirigé par Fettouma Ouzegane. La moudjahida, qui est aussi membre fondateur de l'association, était accompagnée de deux autres ex-responsables, en l'occurrence Halima Sadat, ancienne trésorière et Mimi Ladada. Selon la version des faits de la direction actuelle, les assaillantes ont fait irruption dans le centre avec l'intention de déloger ses pensionnaires. En proie à une grande panique, une des locataires, mère célibataire de son état, a fait une tentative de suicide. “Deux autres femmes sur le point d'accoucher ont assisté à cette incursion. Elles sont en état de choc”, relate Sabrina Ouared, chef de projet. Pour sa part, Meriem Bellala, présidente de SOS, qualifie l'irruption de Mme Ouzegane et de ses accompagnatrices d'acharnement sur l'association. Elle décèle une vengeance personnelle que l'ancienne maquisarde a nourrie suite au licenciement de sa fille qui dirigeait un atelier de formation au sein de l'association. Les deux autres ex-responsables, Mmes Sadat et Ladada, réagissaient, quant à elles, par dépit à leur exclusion de l'association en 2005 au cours d'une assemblée générale. Mme Bellala rappelle qu'à l'époque, Mme Ouzegane avait assisté à la réunion sans émettre la moindre réserve sur cette décision. “Elle nous avait même félicitées pour le travail que nous faisons”, observe la présidente. Pourtant, la semaine dernière, lors d'une conférence de presse, la moudjahida a livré une toute autre opinion sur l'administration de SOS Femmes en détresse. N'allant pas par quatre chemins, elle reproche à Mme Bellala d'avoir détourné plus de 7 milliards de centimes à son profit. Halima Sadat, en sa qualité d'ancienne trésorière, dénonce des délits assez graves comme le faux et usage de faux et la passassion de marchés opaques avec des ONG internationales. Fortes de ce genre d'accusations, les contestataires révèlent avoir saisi la justice et interpellé divers ministères dont l'Intérieur et la Solidarité nationale en vue, disent-elles, d'affranchir l'association de la mainmise de sa présidente actuelle. “Accuser tout le monde de corruption, c'est dans l'air du temps”, rétorque Mme Bellala. Estimant avoir été suffisamment malmenée, elle compte saisir à son tour les tribunaux. Hier, des policiers se sont déplacés au centre d'accueil et ont demandé aux assaillantes de les suivre au commissariat. Pour rappel, SOS femmes en détresse a été créée en 1991. Elle est réputée pour son aide aux victimes de toutes catégories, dont les femmes battues, les mères célibataires, les divorcées jetées à la rue avec leurs enfants… Sa notoriété lui a valu le soutien financier d'organisations internationales, notamment allemandes et espagnoles. Aussi, il est regrettable, aujourd'hui, que son image soit réduite à un méprisable crêpage de chignons. S. Lokmane