Les Maghrébines exigent l'institutionnalisation du principe du quota afin de permettre une meilleure représentation des femmes au niveau des postes de décision. Les femmes algériennes, marocaines et tunisiennes veulent intégrer les centres de décisions politiques dans leurs pays respectifs. C'est ce qu'elles ont martelé durant le séminaire de deux jours organisé à Casablanca (Maroc) les 13 et 14 mai derniers conjointement par la Commission européenne et la fondation Neumann. Cette ambition d'occuper les postes de responsabilités politiques a suscité un large débat chez les participantes compte tenu des différentes expériences qui caractérisent les trois pays du Maghreb en la matière. La Tunisie qui se singularise par “une égalité entre l'homme et la femme en matière de candidatures sur les listes électorales” n'a pas permis pour autant à ces dernières d'accéder aux centres de décision, note Leila Hamrouni, présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates lors du séminaire. “Il n'y a que 21,2% de femmes dans les structures du parti au pouvoir et 16% de femmes au niveau du Parlement actuellement.” L'accès des femmes aux postes de décision est encore moins significatif en Algérie. En témoigne la représentation des femmes au niveau de l'Assemblée nationale qui est de l'ordre de 6,42%, dira Samia Moualki, député FLN et membre de l'association algérienne SOS femmes en détresse, présidée par Meriem Bellala. Cette situation résulte de l'absence de mécanismes d'intégration des femmes dans le jeux politique, explique-t-elle. L'expérience marocaine se distingue quant à elle par l'intégration du système des quotas depuis les élections législatives et locales de 2002. Cette expérience qui a contraint les partis politiques à intégrer sur les listes nationales, un quota de 20 femmes, dira Noufissa Ibn, présidente du Centre pour l'information de l'association marocaine pour les droits des femmes a permis d'avoir “35 femmes dans le Parlement et n'est pas toutefois une loi mais un principe général pouvant être remis en cause”. Pour faire face à cette marginalisation des femmes des postes politiques, les participantes se sont attelées à élaborer une stratégie commune surtout au regard de la proximité des élections locales et législatives de 2007 pour les trois pays du Maghreb : un quota de 33% de participation de la femme dans les postes de responsabilité politiques à tous les niveaux est à cet égard exigé. À ce propos l'institutionnalisation du principe du quota est revendiquée comme un moyen d'accès de la femme aux postes de décision. Meriem Bellal expliquera à ce sujet qu'il faut miser sur la qualité de la représentation féminine : “Il faut miser sur celles à même de défendre la cause des femmes et leur permettre d'accéder au Parlement et ne pas miser sur celles qui peuvent travailler contre les intérêts des femmes”, note-t-elle. La révision de la loi électorale de manière à garantir une présence des femmes sur les listes électorales, la création d'un forum des femmes maghrébines en vue d'un soutien aux candidates des trois pays aux postes politiques, l'intégration du concept du genre dans les politiques publiques, la levée des réserves dans l'adoption des conventions internationales de lutte contre les discriminations à l'égard des femmes sont également revendiquées par les participantes. Ces recommandations “serviront de base de travail avec les partis, les institutions et la société civile”, est-il noté. N. M.