Les résultats des élections législatives du 10 mai dernier provoquent déjà une première secousse au sein de la classe politique nationale. Son effet est fortement ressenti par le Parti de la liberté et la justice (PLJ), agréé quelques semaines avant ce scrutin. Première conséquence : la démission du bureau national du parti. «Le bureau national, après un débat approfondi qui a conclu à la persistance de la gestion du pays avec la même mentalité et les mêmes pratiques, a présenté sa démission au président du parti», affirme le PLJ dans un communiqué rendu public à l'issue d'une réunion tenue jeudi à Alger. Devant cette situation, le président du PLJ, Mohamed Saïd, a décidé de convoquer une session extraordinaire du conseil national du parti qui devrait se tenir le 1er juin prochain pour, explique-t-on dans le même communiqué, «arrêter la marche à suivre en fonction des nouvelles donnes». Le PLJ va-t-il s'autodissoudre ? Lors d'une conférence de presse, animée mardi dernier, Mohamed Saïd n'a pas écarté cette éventualité. Outre cette décision, le bureau national du PLJ, explique-t-on dans le même communiqué, a procédé à l'évaluation de la participation du parti au législatives et le déroulement du scrutin. «Au cours de cette réunion, le Bureau national a évalué la participation limité du parti aux élections législatives 2012. Il s'est penché sur les résultats du 10 mai et les leçons à en tirer de la nouvelle situation caractérisée hélas, par le maintien prémédité de l'hégémonie des mêmes formations politiques sur la scène nationale. Il a également analysé les messages politiques de ces élections et étudié la question de l'utilité de la poursuite de l'activité partisane à la lumière de l'alliance ascendante entre l'administration et les cercles financiers pour le contrôle des rouages de l'Etat, réduisant ainsi les chances de changement pacifique et de construction d'institutions démocratiques légitimes et efficaces, dignes d'un Etat fort et juste», dénonce le PLJ dans son document. Ce faisant, le parti de Mohamed Saïd déplore «les dépassements et les irrégularités répétés tout au long de la campagne électorale et le jour du scrutin». Il considère que ces actes ont été encouragés par la carence des pouvoirs publics dans leur mission de faire respecter l'application de la loi et leur passivité face à l'emploi au grand jour de l'argent sale pour peser sur le choix des citoyens. Poursuivant, le PLJ rappelle que le changement pacifique est une exigence populaire immédiate, dictée par le niveau de développement de la société et d'élévation de sa conscience politique. «Tout report de la satisfaction de cette attente ou sa sous-estimation pourrait entraîner le pays dans une nouvelle impasse politique aux conséquences imprévisibles», met-il en garde. Revenant sur les «réformes politiques» engagées par le président Bouteflika, le PLJ, qui avait pris part aux consultations avec la commission Bensalah, se rend compte que la démarche du pouvoir visait plus à «gagner du temps». «Le bureau national est convaincu que les réformes politiques annoncées ont été engagées sous la peur d'une contagion de révoltes populaires qui ont secoué notre région, que leur vrai but était de briser toute dynamique de changement populaire, et donc de gagner du temps en vue de reconduire le statu quo et de maintenir le même paysage politique sclérosé», ajoute-t-on dans le même communiqué.