A l'occasion de la présentation, à Rome, du livre Choc des barbaries (édition Sperling and Kupfer), publié par notre consœur Nacéra Benali, correspondante d'El Watan et de la radio algérienne à Rome, le directeur d'El Watan et l'archevêque d'Alger ont été très sollicités par les journalistes européens et arabes désireux d'entendre leurs commentaires à propos de l'actualité du moment. Animée par le président de la presse étrangère, l'Espagnol Antonio Pelayo (correspondant de la télévision espagnole), le vice-président de la commission des affaires étrangères du Parlement italien Umberto Ranieri, l'envoyée spéciale de la Rai Giovanna Botteri et le reporter de guerre du quotidien de gauche L'Unità, Toni Fontana, la présentation de Choc des barbaries semblait tomber à pic, vu les derniers événements qui secouent le monde musulman et certains pays européens suite à la publication des caricatures danoises considérées offensante pour la figure du prophète Mohamed. Au siège de l'Association de la presse étrangère de Rome, la plus ancienne d'Europe, durant le débat qui a duré presque trois heures, le sénateur Umberto Ranieri, du parti des Démocrates de gauche (principale formation politique de gauche guidée par Romano Prodi), a qualifié l'ouvrage de Benali de « publication courageuse et pertinente que tous les hommes politiques italiens devraient lire ». Pour le sénateur de gauche, le chapitre dans lequel la journaliste d'El Watan critique la position ambiguë et parfois complaisante que la gauche européenne a adoptée face à l'intégrisme est « très intéressante » comme l'est le chapitre « où l'auteur pointe un doigt accusateur vers les hommes politiques et les médias qui alimentent l'islamophobie en Italie ». Dans son intervention Monseigneur Henri Teissier s'est dit « honoré d'avoir pu écrire la préface du livre d'une journaliste algérienne musulmane, qui tente par son effort d'expliquer aux Italiens la lutte de ses concitoyens pour la liberté et le respect des diversités ». Le débat a été l'occasion pour les journalistes, occidentaux et arabes, de la presse étrangère de Rome, de poser leurs questions dictées par l'actualité du moment. La violence prônée par les groupes intégristes, la menace terroriste et la position du monde musulman face à ces deux problèmes a été le thème récurrent. « La guerre en Irak et la non- résolution du conflit au Moyen-Orient alimentent l'intégrisme », a argumenté Belhouchet. A la question de savoir s'il était possible qu'une démocratie émerge dans les pays musulmans, le directeur d'El Watan a répondu qu'il n'avait aucun doute à ce sujet et a cité l'Algérie, mais aussi le Maroc, la Tunisie et l'Egypte comme des pays musulmans où les démocrates mènent leur combat depuis des années pour consacrer la liberté d'expression et d'autres libertés individuelles. Concernant la thèse galvaudée qui prédit un choc des civilisations et que le livre de Benali réfute, Belhouchet a affirmé ne pas craindre pour le monde un tel scénario catastrophiste et s'est dit « stupéfait que les Occidentaux, dont certains avaient témoigné leur solidarité aux Algériens dans leur combat contre l'intégrisme », semblent avoir oublié que « ce sont les musulmans, en premier, qui se sont mobilisés contre le fanatisme et la violence islamiste ». A la question de l'envoyée spéciale de la Rai à propos de ce que Benali pensait de l'image des musulmans que les télévisions italiennes reflètent dans leur programme, l'auteur de Choc des barbaries, qui sera prochainement traduit et publié en Algérie, a répondu sans euphémisme : « Personnellement, je zappe au bout de deux minutes, car il m'est pénible de regarder ces images grotesques et folkloristiques qui ne représentent nullement les musulmans. On dirait qu'on fait tout pour servir aux téléspectateurs les clichés les plus islamophobes. »