Le «succès» réalisé par le FLN lors des législatives du 10 mai ne semble pas suffire pour sauver la tête de Abdelaziz Belkhadem. Ce dernier et son staff n'ont pas eu suffisamment de temps pour jubiler et savourer cette victoire électorale. Ils ont vite été rattrapés par la crise qui couve dans l'ex-parti unique depuis plusieurs mois. Les contestataires du comité central du parti se renforcent et reviennent à la charge pour contraindre Abdelaziz Belkhadem à descendre de sa tour d'ivoire. Ils se montrent plus que jamais déterminés à aller au bout de leur action visant à destituer l'actuel secrétaire général du FLN, auquel ils dénient la «paternité» de la victoire du 10 mai 2012. Celle-ci, affirment les contestataires qui se sont réunis hier dans la cour de la kasma FLN à El Madania (Alger), «est l'œuvre du président Bouteflika». Malgré l'inflation du score de l'ex-parti unique en matière de sièges obtenus (221), le réservoir électoral du parti n'a pas évolué. Les membres du CC ne manquent pas de relever ce fait. «Le FLN a, certes, gagné l'élection grâce au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, mais son réservoir électoral a baissé. Il ne représente aujourd'hui que 6% des électeurs, alors que par le passé, il était beaucoup plus important», précise Abderrazak Bouhara, sénateur du tiers présidentiel, qui rejoint les rangs de la contestation. Un renfort de qualité qui consolide la démarche des frondeurs du FLN. Abderrazak Bouhara n'est pas le seul à faire ce pas. Mohamed Boukhalfa, membre du tiers présidentiel au Conseil de la nation (Sénat), soutient aussi leur démarche, au même titre que le ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnels, El Hadi Khaldi. Au total, 208 membres du CC (selon le chiffre communiqué par le mouvement), appuient cette démarche mise en œuvre pour redresser le parti. Ce chiffre est confortable pour les redresseurs, qui n'ont besoin que de 50%+1 des 351 membres du CC pour retirer leur confiance à Abdelaziz Belkhadem. «Ligne politique à géométrie variable» Se sentant en position de force, les frondeurs ne veulent plus se précipiter. Ils ont d'ailleurs modifié leur stratégie. Plus de course à la réunion du quorum nécessaire pour la convocation d'une réunion extraordinaire du CC. Ils affûtent leurs armes en attendant la session ordinaire du CC programmée par Abdelaziz Belkhadem pour le 15 juin prochain. Dans ce sens, un projet de motion de retrait de confiance est déjà élaboré et a été lu, hier, devant l'assistance. Un projet qui pourrait être enrichi avant le jour J. Ce document énumère tous les griefs retenus contre Belkhadem et son équipe ; toutes «les dérives» constatées dans la gestion du parti, le non-respect des textes statutaires et l'exclusion des vrais militants lors de la confection des listes de candidatures aux dernières législatives sont cités dans cette motion. «Nous avons tenu un congrès rassembleur. Mais aujourd'hui, nous sommes plus que jamais divisés. Les rangs du parti sont dispersés. Sa ligne politique est à géométrie variable, alors que, par le passé, l'âme du FLN était le nationalisme révolutionnaire et la démocratie populaire», précise encore Abderrazak Bouhara. Ce dernier dénonce les penchants «islamistes» de Abdelaziz Belkhadem qui, selon l'orateur, oriente le FLN dans cette direction dangereuse. Le sénateur déplore également la fuite en avant de la direction actuelle du parti, qui refuse le dialogue. Belkhadem et sa direction «ferment les portes du siège national devant les militants. Cela prouve qu'ils ne sont pas pour le dialogue et ne sont pas démocrates», tonne encore M. Bouhara.