C'est dans l'extrême nord-est du pays que se concentre le plus grand nombre de zones humides. Le complexe d'El Kala, qui englobe, selon certains scientifiques, jusqu'à la plaine des Sanhadja-Guerbès, dans la wilaya de Skikda, en passant par le lac Fetzara, dans la wilaya d'Annaba, abrite plus d'une centaine de plans d'eau exploités en toute saison par les oiseaux d'eau. De l'autre côté de la frontière, en Tunisie, à moins d'une centaine de kilomètres à vol d'oiseau, se trouve le lac Ichkeul et celui de Bizerte, vastes plans d'eau également et intensément exploités par les oiseaux migrateurs. Il a été prouvé que certains groupes d'oiseaux, plus précisément les oies et les flamants, mais sans doute d'autres encore, passent d'une zone à l'autre dans les deux sens de la migration avant et après l'hiver. C'est la grande voie de migration qu'empruntent les oiseaux qui se déplacent entre le nord de l'Europe occidentale et l'Afrique. La zone d'El Kala, et par extension tout le Nord-Est algérien, se trouve ainsi être celle qui est la plus exposée à la contamination par le virus de la grippe aviaire qui a été formellement identifié en Italie, à quelques centaines de kilomètres des côtes africaines d'Algérie et de Tunisie. Cependant, si le virus doit arriver chez nous porté par les migrateurs, c'est par le Sud, de retour des zones d'hivernage du centre de l'Afrique et de l'Afrique de l'Ouest. Les pouvoirs publics semblent avoir pris la menace à sa juste mesure. Du matériel flambant neuf et des véhicules pick-up de la direction des forêts équipés de citernes et d'asperseurs sont stationnés aux postes frontaliers de Haddada (Om Tebou) et de Fedj Kahla (El Aïoun) depuis quelques jours. Des agents équipés de combinaisons et de masques traitent tous les véhicules qui entrent sur le territoire national. Les services vétérinaires ont la chance de disposer, à El Kous, toujours la wilaya, d'un institut de protection animale, le seul à l'est du pays, en mesure de détecter immédiatement la grippe aviaire mais pas la souche du virus qui elle fait appel à des techniques très élaborées. Selon des praticiens, des prélèvements sont effectués tous les jours sur les volailles autour des zones humides et sur les oiseaux sauvages trouvés morts. Autre fait rassurant, les citoyens où qu'ils se trouvent, même si cela cause quelques contrariétés, s'alarment pour un rien. Preuve que l'information est passée. Selon les ornithologues qui travaillent sur les oiseaux d'eau et qui regrettent de ne pas être associés aux actions en cours, il faudra être vigilants jusqu'à la fin mars pour les migrateurs de retour et jusqu'aux portes de l'été pour les oiseaux qui restent pour se reproduire et estiver.