Les zones humides sont les milieux les plus productifs dans le monde. Les richesses inestimables de ces zones humides, selon les écologistes, dépendent du bon fonctionnement du processus écologique d'où le besoin, voire la nécessité vitale de leur préservation et conservation. De nos jours, les zones humides de la région d'El Tarf affrontent une menace, engendrée par plusieurs facteurs dont le drainage, la mise en valeur des terres qui engendrent la surexploitation des espèces d'oiseaux d'eau, et des rejets des eaux usées, et le lac Oubeira est un exemple vivant de destruction par le déversement des eaux usées dans son fond, et donc une totale détérioration de la couche végétale. Selon les mêmes écologistes, la commune d'El Kala qui relève de la wilaya d'El Tarf, représente un milieu naturel d'une richesse inestimable, qu'il faut sauvegarder et protéger sans plus tarder. Outre les lacs d'eau douce, des marais fortement inondés avec une végétation très dense, appelée autrefois Lakal, cette région renferme une longue file côtière de dunes, de sable mobile avec des forêts d'aulnes, de tourbières marécageuses et des réserves d'eau potable. Plusieurs autres éléments de ce grand ensemble, sont à eux seuls d'une importance internationale, qui leur vaut le mérite du classement au rang des réserves naturelles, puisque le complexe des zones humides d'El Kala est unique en son genre au niveau de toute la Méditerranée, nous révèle-t-on à la direction du parc national d'El Kala, avec la confirmation des experts du secteur. En effet, la coexistence de la mer, les lacs et les forêts a contribué à la création de trois écosystèmes, marin, lacustre et terrestre d'une valeur scientifique magnifique et importante internationalement reconnue. S'ajoute à ceux-là, les lacs Oubeira, Mellah et Tonga auxquels s'associent les collines verdoyantes qui ont fait de cette région la zone la plus riche à l'échelle nationale, en matière cynégétique à la fois terrestre et aquatique. En dépit de l'implantation du parc national d'El Kala dans la région même, et malgré l'existence de textes de lois pour la protection de ces zones humides, elles restent toujours à la merci de l'inconscience de l'homme et ses méfaits. Pour preuve la catastrophe écologique du lac Oubeira durant l'été 1990, où le lac a complètement été asséché de par l'aride saison qu'a connue la région, mais surtout de par la surexploitation de ses sources hydriques qui avaient servi à l'époque à alimenter El Kala en eau potable, et enfin son épuisement total par l'irrigation des terres agricoles riveraines. Quant au coup mortel pour ce lac, ce fut l'introduction de l'élevage de carpes chinoises, ce qui a causé la destruction de toute la végétation. Dieu n'a pas voulu que ce magnifique écosystème soit rayé de la carte écologique de la région d'El Kala, il lui donne un coup de grâce par une pluviosité très conséquente qui l'a aidé à se reconstituer en moins d'un seul hiver. Depuis, des décisions ont été prises localement pour délimiter les zones exploitables et pour garantir une surveillance accrue de ce plan d'eau. Aujourd'hui, et malgré la «bonne santé» si l'on peut dire du lac Oubeira, l'inconscience et l'irresponsabilité de l'homme continuent de causer des désagréments à cet espace naturel, de par les eaux usées de la commune d'Aïn Assel qui s'y déversent. Autre volet composant des zones humides de la wilaya d'El Tarf: la végétation. Cette dernière n'a pas encore été recensée et ce, malgré la diversité de l'existence d'espèces rares et des plus curieuses du point de vue scientifique. Parmi ces espèces on retient la châtaigne d'eau du lac Obeira, qui en fait le seul et unique échantillon d'Afrique du Nord, on note aussi l'existence des scirpes, joncs, iris... Aujourd'hui, ces zones humides sont en face d'un danger réel, nécessitant une préservation. Comment arriver à préserver ces zones et donc la gestion de cet écosystème, au beau milieu d'un conflit entre les besoins et aspirations d'une population en constante croissance, et le maintien ainsi que la sauvegarde d'un environnement naturel vierge et rarissime. Il est évident que la situation nécessite beaucoup d'attention car la protection et la sauvegarde d'un tel patrimoine naturel ne sont pas une mince affaire, notamment face au laxisme, au laisser-aller et à l'abandon qui ont prévalu durant longtemps sans qu'aucune action ne soit entreprise pour mettre fin à l'irrationnelle exploitation de ces zones humides. Actuellement, la mise en place d'une structure de réelle gestion des terres riveraines, avec une détermination des grands ensembles d'exploitation s'impose. Conjointement avec un développement durable, qui aurait sans aucun doute un important impact, notamment en matière aussi bien de stockage des connaissances que pour la recherche scientifique; sans pour autant négliger la richesse touristique que représentent ces zones. L'existence d'un tel écosystème est un facteur attractif de touristes cherchant le havre de paix et de beauté. Avec un peu de volonté, de moyens, ces zones humides qui font la fierté de la région, pourraient booster le secteur du tourisme dans l'est du pays, et placer la wilaya d'El Tarf, et notamment la région d'El Kala sur le podium des réserves naturelles convoitées mondialement. Malheureusement, et jusqu'à preuve du contraire, celles-ci, qui forment l'ensemble d'un écosystème d'une importance inestimable, sont toujours exposées à l'indifférence des uns et aux méfaits des autres.