Les textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, le niet opposé par le président Bouteflika à l'augmentation des salaires et l'interdiction par la justice de la grève des enseignants de l'enseignement supérieur sont les principaux points débattus par le secrétariat politique du Parti des travailleurs (PT). Se disant satisfait du contenu du projet d'ordonnance portant application de la charte, le parti de Louisa Hanoune a livré son point de vue sur la question. Le rétablissement de la paix pourra avoir lieu, selon le parti, en ouvrant un débat sans exclusive et en faisant la lumière sur la question des disparus. « Le secrétariat national réaffirme que la paix ne saurait être reconstruite véritablement et durablement s'il y a exclusion d'une partie du peuple de l'exercice des attributs de la citoyenneté », relève-t-on dans un communiqué du parti, rendu public hier. Toutefois, le PT a estimé que le rétablissement d'une paix durable est conditionné par la restauration des libertés démocratiques, la cessation de la violence et la régression sociale qui a pris, a-t-il affirmé, de l'ampleur depuis 1994. A ce sujet, le secrétariat politique du PT relève deux contradictions majeures : l'interdiction de la grève des enseignants de l'université et le rejet de l'augmentation des salaires par le chef de l'Etat. « Peut-on rétablir la paix, rendre justice aux victimes de la tragédie lorsqu'un droit constitutionnel démocratique est systématiquement violé par décision de justice ? », se sont interrogés les responsables du PT. La décision de la chambre administrative près le tribunal d'Alger n'est pas, pour eux, une décision d'une justice indépendante fondée sur le droit et la loi, mais une décision politique violant les conventions de l'OIT. « Cette chambre se spécialise dans l'interdiction des grèves », a affirmé le PT. Et d'ajouter à ce sujet : « La réforme de la justice, financée y compris par l'Union européenne, signifie-t-elle que la justice doit se mettre au service exclusif du profit, et pour cela, interdire toute contestation qui ferait obstacle à l'exploitation sauvage et au pillage. Non, cette voie ne mène pas à la paix, elle pousse notre pays vers le chaos. » Revenant sur le discours du président de la République prononcé jeudi dernier à l'occasion du 50e anniversaire de l'UGTA, le PT n'a pas caché son désaccord avec les arguments avancés pour justifier le rejet de la revalorisation salariale. « Qui est responsable de la fermeture immédiate de 159 entreprises et la planification de la désertification industrielle du pays ? Qui est responsable du caractère formel de la croissance ? Peut-on rétablir la paix en plongeant les travailleurs et leurs familles dans la déchéance, alors que notre pays dispose de 55 milliards de dollars de réserves de change et plus de 2000 milliards de dinars de fonds de régulation des recettes ? », s'est interrogé encore une fois le secrétariat politique du PT. La réponse a été donnée. Les responsables ne sont pas, selon la formation de Mme Hanoune, les travailleurs. La loi sur les hydrocarbures de Chakib Khelil, l'orientation économique adoptée par le gouvernement depuis 1994, a indiqué le PT, sont les seuls coupables.