Beaucoup de jeunes de la ville de Tiaret continuent ces jours-ci d'épiloguer sur la fameuse « roqia », une sorte de cure psychologique inspirée du Coran et d'incantations que prodiguent de jeunes talebs, trop souvent de jeunes salafistes repentis qui ont trouvé le bon filon grâce à la crédulité de leurs concitoyens, qui pour lever le mauvais œil, qui pour guérir d'une maladie, d'un ensorcellement, voire pour cesser de fumer. L'un de ses talebs demeurant à Bou Saâda connaît malgré l'éloignement un rush considérable de gens vers sa demeure où l'on y vient de partout. Depuis Alger, de l'Est, du Sud et bien sûr de Tiaret, où les jeunes continuent de faire ce genre de pèlerinage pour, entre autres, cesser de fumer. Khalidou, la cinquantaine, y croit mordicus. Fumant plus d'un paquet de cigarettes par jour, il s'est fié au bouche à oreille et se décida en compagnie d'autres concitoyens de faire le déplacement à Bou Saâda pour subir la « roqia ». Dès quatre heures, il fait le voyage en compagnie d'autres fumeurs invétérés. Une fois sur place, Khalidou doit acheter un verre qui va servir au « taleb » pour psalmodier du Coran et l'accomplissement d'un rituel. Un rituel qui consiste à jeter le paquet de cigarettes préalablement acheté non sans avoir craché dessus. A partir de là, notre bonhomme doit s'armer de foi, de patience et surtout de volonté pour oublier la sèche. S'interdire de fumer, c'est passer donc par une « roqia » à un prix certes dérisoire. Du dinar exigé à plus selon les bourses et le degré de la foi, c'est décidément une nouvelle pratique des temps nouveaux. Le temps des « roqias » à l'heure d'Internet, des progrès réalisés par la science et l'homme bien que les nouveaux adeptes expliquent cet attrait, par son usage par le Prophète (QSSSL). Certains concitoyens au fait de la chose y ventent les vertus, d'autres mettent en gardent contre certaines dérives langagières qui ont amené certains « roqate » à dévoiler l'ennemi potentiel, virtuel ou avéré et bonjour les dégâts. Beaucoup de familles en sont venues ainsi aux extrêmes pour résoudre les litiges et laver l'affront. Une autre méthode de « roqia » vous disent certains reste en cours. C'est « el hidjama », une ponction pratiquée à l'aide de ventouse pour expurger du sang derrière la nuque comme au « bon vieux temps » devant les barbiers de marchés hebdomadaires. Alors la « roqia » sonne-t-elle la résurgence d'une pratique aux antipodes du progrès ou un retour aux sources ? Une « roqia » pour 1 DA, la question reste posée.