L'Algérie n'est désormais plus une destination à risque aux yeux du gouvernement britannique. Les fameux « Travel Warning » qui mettaient en rouge le pays ne sont qu'un mauvais souvenir, suggère un communiqué de l'ambassade du Royaume-Uni à Alger, rendu public hier. Moins de quinze jours après la visite à Alger du ministre des Affaires étrangères, Jack Straw, le risque Algérie est passé pratiquement du plus défavorable au plus favorable degré. Et la destination Algérie de « déconseillée » à « conseillée », voire encouragée même. Le gouvernement de Sa Majesté a amendé ses conseils à ses ressortissants qui veulent venir en Algérie « en rapport avec la très nette amélioration de la situation sécuritaire dans le pays », souligne le communiqué de la chancellerie britannique. Après les avoir longtemps mis en garde, jusqu'à il y a seulement quelques jours, contre les risques qu'ils pouvaient encourir en Algérie, le gouvernement de Tony Blair souhaite maintenant la bienvenue à ses ressortissants « touristes et investisseurs » en Algérie. « Il n'y a plus de conseil contre le voyage au sud-est de l'Algérie alors que la recommandation de ne pas voyager par route au Nord a été supprimée », est-il souligné. L'ambassadeur britannique à Alger est le premier à se féliciter du changement d'approche. Il s'en réjouit d'autant plus que ces nouvelles recommandations « sont en fin de compte plus encourageantes aux hommes d'affaires et aux touristes de visiter l'Algérie ». Pourtant, juste à la veille de la visite en Algérie de Jack Straw, première du genre pour un officiel de ce rang du Royaume-Uni depuis l'arrivée de la reine Elisabeth en 1980, le cabinet de Tony Blair avait rendu public un Travel Advice décourageant les citoyens de ce pays de se rendre en Algérie. Il y est notamment signalé que le danger terroriste est persistant et que « des bandes de trafiquants et de bandits sont aussi actifs dans certaines régions et constituent un risque réel pour les voyageurs, notamment le soir » Le gouvernement de Sa Majesté mettait une mention spéciale aux régions du Sud puisqu'il conseillait à ses ressortissants de ne pas se rendre « dans les wilayas du sud de Tamanrasset, Djanet, Illizi jusqu'à nouvel ordre ». Et ce nouvel ordre qui vient d'être donné sous forme d'un encouragement est en rapport avec le séjour de deux jours à Alger de Jack Straw. Sinon qu'est-ce qui a donc pu changer la situation générale de l'Algérie en quinze jours pour que les Britanniques révisent leur position ? Le fait est que le Royaume-Uni porte désormais un regard positif de la destination Algérie loin de l'image détestable qu'il se faisait d'un pays en proie à une instabilité politico-sécuritaire. C'est là le premier engagement pris après la visite du patron du Foreign Office. Une visite qui était présentée justement comme étant « pratique et concrète ». Pour la Grande-Bretagne, qui n'est pas forcément liée économiquement avec l'Algérie en dehors des hydrocarbures, il est évident que Jack Straw a dû prendre la température et puis la décision de revoir les conseils de voyage. La perspective d'une coopération poussée entre les deux pays a sans doute dicté au gouvernement britannique de lever les obstacles face à une dynamique de coopération prometteuse. L'échange de visites annoncé entre Abdelaziz Bouteflika et Tony Blair participe de cette volonté de rapprocher davantage deux pays qui se regardaient de loin, à tout point de vue. Les Britanniques semblent décidés à accompagner une Algérie qui se présente comme un partenaire stratégique dans la région.