Le capitaine Sanogo a été désigné président de la transition… L'accord conclu difficilement, au début de la semaine, entre le chef de la junte militaire malienne, le capitaine Amadou Sanogo, et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) concernant la feuille de route devant permettre au Mali un retour à la légalité constitutionnelle, risque de rester lettre morte. Pour cause, les partisans du putsch qui a renversé le président Amadou Toumani Touré (ATT), le 21 mars dernier, refusaient jusqu'à hier de reconnaître les termes de l'accord qui donne carte blanche au président intérimaire, Dioncounda Traoré, et à son gouvernement pour gérer la période de transition limitée à une année et préparer la succession d'ATT. Pour court-circuiter l'initiative de la Cédéao, les membres de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam, pro-putsch) ont désigné hier l'ex-chef des putschistes en qualité de «président de la transition» au terme des travaux d'une «convention». Une résolution de cette rencontre précise que la mission «prioritaire» du capitaine Sanogo sera «le recouvrement de l'intégrité du territoire avec l'ensemble de l'armée, du peuple malien et des pays amis épris de paix». Celui-ci sera ensuite chargé, ajoute-t-on, d'organiser avec «une administration neutre et impartiale, des élections transparentes et crédibles». Sanogo attend la direction du vent Le capitaine Sanogo – qui, en vertu de l'accord signé avec la Cédéao, a obtenu le rang d'ancien chef d'Etat avec tous les privilèges liés à cette fonction – n'avait pas encore réagi hier à la décision de ses partisans de le nommer président de la transition en lieu et place de Dioncounda Traoré auquel la résolution de la Copam «en appelle» à son «sens civique élevé et patriotique» pour se retirer. Soucieux probablement d'attendre pour connaître la direction du vent et d'évaluer le rapport des forces en présence, aucune personnalité politique malienne marquante n'a assisté à la «convention» des pro-putschistes. Le seul à s'être exprimé sur le sujet est Abdoulaye Kanté, un des dirigeants de l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma) de Dionconda Traoré, principale formation politique du front anti-putsch. Cette désignation est «tout simplement une plaisanterie», a-t-il déclaré à la presse. Mais en attendant de connaître l'évolution de la situation, l'inattendue sortie des pro-putschistes a pour conséquence de menacer l'Etat malien d'effondrement. Il est à rappeler que le coup d'Etat du 22 mars avait déjà précipité la chute de l'Azawad (nord du Mali). La région est contrôlée depuis près de deux mois par des groupes armés, dont des islamistes. A ce propos, plusieurs sources ont rapporté, hier, que les islamistes qui contrôlent Tombouctou (probablement les membres d'Ançar Eddine et d'AQMI), ont détruit hier le «monument aux martyrs» de la ville rendant hommage aux victimes de la lutte contre la dictature du général Moussa Traoré en 1991.