Dans son rapport mondial 2011 sur les droits de l'homme publié jeudi dernier, le département d'Etat américain affirme que «plusieurs questions des droits de l'homme des Sahraouis, qui continuent d'être une source de préoccupation, sont liées aux actions revendiquant l'indépendance» du Sahara occidental. Il cite ainsi «les limitations à la liberté d'expression et de réunion, l'utilisation de la détention arbitraire pour étouffer la dissidence et la violence physique et verbale à l'encontre des détenus sahraouis lors des arrestations et durant leur emprisonnement». Le document rendu public observe «l'impunité quasi générale à l'égard des fonctionnaires marocains qui commettent des abus, tandis que les Sahraouis sont victimes de discrimination dans l'application des lois» et cite, entre autres, le cas d'un policier marocain qui a tué par balle Saïd Dambar, un résident sahraoui d'El Ayoun. Le département d'Etat note que la famille de la victime avait alors refusé de l'enterrer, si une autopsie n'était pas effectuée pour connaître les véritables circonstances de sa mort. Cependant, les autorités marocaines n'ont jamais autorisé à procéder à une autopsie indépendante et ont régulièrement harcelé la famille Dambar en exigeant d'elle d'enterrer le corps en usant même de chantage. La même source note qu'il avait été ainsi refusé au frère de la victime d'être recruté dans un ministère après qu'il eut formulé une demande d'embauche et a été informé par des représentants du ministère de l'Intérieur qu'il n'obtiendrait ce poste que s'il acceptait d'enterrer son frère sans autopsie. Le rapport relève également les cas de disparition de plus d'une centaine de Sahraouis depuis les années 1970 et 1980, dont le sort reste inconnu. Le département d'Hillary Clinton, se basant sur le travail d'ONG internationales et locales, affirme que «des rapports crédibles» témoignent du recours par les forces de sécurité marocaines à la torture, aux coups et autres mauvais traitements sur les détenus sahraouis. Des cas de disparition Abordant leurs conditions carcérales, il note que l'Observatoire marocain des prisons reçoit régulièrement des plaintes d'abus physiques et de tortures déposées par les familles des détenus de la prison d'El Ayoun, dont l'accès est interdit depuis 2008 aux ONG des droits de l'homme. Plus encore, ajoute le rapport, les ONG internationales et locales affirment que les tribunaux refusent souvent d'ordonner des examens médicaux ou de prendre en compte les résultats des examens médicaux dans les cas de torture. Par ailleurs, poursuit le rapport, les militants des droits de l'homme et pour l'indépendance rapportent que «les autorités marocaines les accusent faussement d'infractions criminelles». Et d'évoquer les arrestations arbitraires suivies de longues détentions (des dizaines de jours), ajoutant que dans de nombreux cas, les familles des détenus n'en sont informées qu'après leur libération. Citant les organisations de droits de l'homme, le département d'Etat indique que plus de 85 prisonniers politiques sahraouis sont détenus dans des prisons marocaines. Dans son rapport, le département d'Etat relève également que «la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) est dépourvue du mandat de surveillance des droits de l'homme». De son côté, Amnesty International, qui vient de publier son rapport 2012 sur les droits de l'homme au Maroc, dresse un tableau sombre aussi. Dans son document publié sur son site internet, il est mentionné que les autorités marocaines continuent à restreindre l'exercice de la liberté d'expression, d'association et de réunion des Sahraouis partisans de l'autodétermination du Sahara occidental. Cette année encore, indique la même source, des militants de premier plan ont fait l'objet de poursuites. Aucune enquête indépendante et impartiale n'a été effectuée sur les événements qui se sont déroulés à Gdim Izik et à El Ayoun en novembre 2010, lorsque les forces de sécurité marocaines ont démoli le campement de protestation sahraoui. Treize personnes, dont 11 membres des forces de sécurité, avaient trouvé la mort dans les violences consécutives. Pis, de nouvelles informations ont fait état d'actes de torture et de mauvais traitements infligés à des détenus, par des agents de la Direction de la surveillance du territoire (DST) notamment.