Le phénomène des vols de téléphones mobiles a pris des proportions alarmantes. Ce qui n'était qu'un vol banal s'est transformé ces derniers mois en agressions physiques avec armes blanches, qui ont été dans de nombreux cas fatals pour les victimes. Les services de police ont affirmé avoir enregistré 12 383 plaintes pour vol de portables en 2005, dont 3904 seulement ont été élucidées et pour lesquelles 4331 personnes ont été arrêtées. Selon les mêmes services, 13 001 appareils ont été volés, parmi lesquels 2370 récupérés. De son côté, la gendarmerie nationale a enregistré 263 plaintes durant la période comprise du 9 novembre 2005 au 5 janvier 2006 seulement. Ces statistiques sont loin de refléter la réalité de ce fléau, dans la mesure où les spécialistes estiment qu'elles cachent un chiffre noir difficile à cerner. La sonnette d'alarme doit être nécessairement tirée dans la mesure où l'Algérie reste l'un des rares pays où l'on tue pour un portable. Le lancement le 6 novembre 2005 par l'Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT) de l'opération contre les vols de portables n'a malheureusement pas eu les résultats escomptés. Le blocage du mobile volé grâce à son numéro de série (IMEI, une sorte d'empreinte digitale du portable que l'on retrouve inscrit sur la batterie, le dos du terminal, sur l'emballage ou en composant *#06#) est une mesure initiée par l'ARPT, avec la participation des trois opérateurs de téléphonie mobile, ainsi que la gendarmerie nationale et de la police. Victime d'un vol, l'usager n'a qu'à s'adresser à un des services de sécurité pour déposer plainte. Avec l'attestation de vol qui lui est délivrée, il introduit une demande de neutralisation de son téléphone auprès de son opérateur. De cette façon, une liste de portables volés est établie entre les trois opérateurs, afin que l'appareil subtilisé ne puisse plus être fonctionnel. « Nous avons été retardés dans le lancement de cette opération. Elle devait initialement être lancée au mois de juin 2005, mais un des trois opérateurs, Orascom Télécom Algérie (OTA) n'était pas encore doté du logiciel nécessaire. Ce n'est qu'au mois de novembre que nous avons informé les usagers qu'ils ont la possibilité de bloquer non seulement leurs cartes sim, mais également leurs portables en cas de vol », a déclaré le premier responsable de l'ARPT. Mais, trois mois après, cette mesure ne semble pas donner des résultats sur le terrain. Les opérateurs eux-mêmes ne lui ont pas accordé l'importance qu'il faut, dans la mesure où la publicité autour de ce service n'a pas été à la hauteur de son importance. Le nombre exact des personnes ayant bloqué leurs mobiles semble relever du strictement confidentiel chez Algérie Télécom (AT) et OTA. En effet, nos nombreuses sollicitations sur ce sujet se sont heurtées à un véritable mur de silence. Ramdane Djazaïri, chargé de la communication de Wataniya, a, pour sa part, indiqué qu'il (Wataniya) détient une liste de 310 demandes de blocage de mobiles, émanant des trois compagnies de téléphonie, sans pour autant préciser quelle part détient chacune d'elles. Néanmoins, selon des sources bien informées, on indiqué que sur cette liste plus d'un tiers est composé de clients de Wataniya, suivi de ceux d'AT puis d'OTA, qui représentent moins d'une dizaine seulement des cas. Pour participer à cet effort de lutte contre les vols, un distributeur de mobiles, ADN Technologie, a profité de l'occasion pour mettre sur le marché un nouveau service d'assurance de portable avec la CIAR pourvu que ce dernier soit acheté auprès d'ADN Technologie qui, faut-il le préciser, offre une large gamme de marques et détient l'exclusivité de la marque allemande Siemens. « Pour lancer notre produit assurance, nous avons mené une enquête auprès des opérateurs pour avoir une idée sur le nombre de personnes qui demandent le blocage des portables. Nous avons découvert que Wataniya était la première de la liste et OTA ne disposait que de quelques cas. » Propos que nous n'avons pas pu confirmer ou affirmer auprès de OTA. Hamid Grine, son chargé de la communication, a déclaré : « Nous avons les moyens nécessaires pour bloquer les portables, mais je ne peux vous donner le nombre d'usagers ayant bénéficié de cette mesure », a-t-il expliqué. Les services de la gendarmerie nationale tout comme ceux de police ont estimé que malgré la réticence des usagers à venir déposer plainte, les vols de portables ont chuté après l'entrée en vigueur de l'opération de codage des appareils volés. Ainsi, 115 jours avant le lancement de cette opération, la gendarmerie a enregistré 137 plaintes de vol de portables et 115 jours après le nombre de plaintes a chuté pour atteindre 91 cas. L'opération lancée par l'ARPT est loin d'être réellement réussie.