Fréquence n Les homicides volontaires se multiplient en Algérie. Des jeunes, des vieux, des femmes, des enfants sont tués par arme blanche, par des objets contondants et même par balle… Des jeunes, adolescents parfois, (comme c'est le cas des meurtriers du jeune africain à Aïn Bénian, où deux des trois assassins sont mineurs), souvent sous l'effet de psychotropes qui se vendent dans la majorité des quartiers en Algérie, n'hésitent pas à commettre l'acte fatal avec sang-froid. Depuis le début de la décennie noire, le phénomène de l'homicide volontaire a pris des proportions alarmantes. Par exemple, depuis le début de l'année 2007, 87 homicides volontaires ont été commis au niveau national dont 78 ont été élucidés, (selon la direction de la police judiciaire). Ce sont souvent les grandes métropoles qui sont touchées par ce phénomène, (Alger, Tizi Ouzou, Sétif, Annaba, ConstantineBatna, Sidi Bel Abbes et Aïn Defla). «Il faut comparer ces chiffres à ceux des années précédentes pour constater la gravité de la situation et les mutations qu'a subies la société algérienne», analyse un responsable de la sûreté d'Alger qui essaye, cependant, de minimiser les chiffres… en les comparant avec ceux d'autres pays. Les spécialistes sociaux sont tous conscients de ce phénomène et devinent le danger. «La vie d'un homme est sans valeur. Pour un vol raté, une insulte, un différend banal entre des amis ou des voisins, bref pour un oui ou un non, c'est le passage à l'acte fatal», analyse Farida M., sociologue à El-Biar. Cette dernière, et à la question de savoir si cet acte (l'homicide) n'est pas justifié par la violence sociale exercée sur le délinquant, répond : «Oui, il y a une forte pression sur les jeunes, (chômage, déscolarisation, divorce des parents, marginalisation, échec affectif, injustice, etc). Mais contrairement à ce qui se passe ailleurs, où l'individu résout ces difficultés en mettant fin à sa vie par le suicide, chez nous c'est la société qui est considérée comme l'auteur de ses malheurs. Alors, il commet un acte antisocial en choisissant souvent les personnes les plus vulnérables et les plus désarmées.» Cependant, ajoute la sociologue, le recours à l'homicide reflète une dégradation alarmante et un désintérêt total des tabous dans la société car en banalisant le meurtre, (le crime absolu ), tous les autres actes antisociaux (vol, viol, vandalisme, agression, drogue, prostitution…), deviennent des pratiques courantes. La disparition des valeurs éducatives, le besoin de satisfaire son désir, le désengagement des parents et de l'école constituent aussi des facteurs incitateurs à dévaloriser la vie humaine et à commettre un meurtre.