La banalisation du crime, des vols et des agressions continue son bonhomme de chemin et Ramadhan aidant, le phénomène a tendance à prendre des proportions inquiétantes. Le mois du jeûne n'est désormais plus un mois de piété mais bel et bien le mois de tous les excès et de tous les dangers. Le phénomène d'insécurité qui ne cesse de gangrener la société algérienne prend de plus en plus des allures d'un terrorisme urbain qui ne dit pas son nom. Ainsi, le port d'arme blanche, pourtant réprimé par la loi, représente pour une jeunesse désœuvrée et marginalisée un dérivatif dangereux pour faire valoir son existence. A Skikda, le phénomène que d'aucuns voudraient assimiler à une très vieille tradition locale fait qu'aujourd'hui, les crans d'arrêt et autres Opinel sont inconsciemment et insolemment exhibés par des jeunes voir des écoliers. Normal, quand on constate que ces « armes » se vendent librement et impunément, il suffit juste d'aller faire un tour sur les trottoirs de Souika ou chez les vendeurs de babioles. N'importe qui peut, monnayant quelques dizaines de dinars, se procurer ces « armes » et en faire usage. Cette prolifération a d'ailleurs « cassé » les réflexes sociaux chez les jeunes, puisque on ne se bagarre plus à coups de poing mais à couteaux tirés. Plus grave encore, la mode chez les jeunes délinquants est aujourd'hui aux sabres et autres épées bien qu'il reste à mentionner à cet effet que les « descentes correctives » et les « rixes interbandes » qui faisaient le quotidien du centre-ville de Skikda durant le Ramadhan passé, ont nettement diminué. Ce qui n'est malheureusement pas le cas des vols à la tire qui alimentent toujours le quotidien ramadhanesque. Au hit-parade des vols, le portable continue de figurer en tête. Chaque jour, des citoyens se font détrousser en plein jour en se permettant même d'innover. Puisque, l'ère de voler la victime à son insu semble être révolue. Aujourd'hui, on vient carrément vous apostropher, vous agresser ou le plus souvent, « détacher » le mobile de vos mains, vous obligeant ainsi à terminer votre communication. Et inutile de courir après le voleur ni de vous ameuter ni de demander à ce qu'on arrête ce petit voleur. Personne ne viendra à votre secours et les passants continueront de passer, comme si ces scènes étaient des banalités de tous les jours. Une fatalité. On fera juste quelques commentaires, on détourne son regard et...on laisse faire. Vous devez alors vous contenter de quelques regards compassionnels et prendre votre mal en patience. La prolifération des vols de portables a tendance à devenir une mode tellement les jeunes voleurs y trouvent toutes les facilités. On emporte et on se taille. C'est si simple et ça rapporte gros. Car il suffit de faire un tour le week-end au marché aux puces pour contempler une extraordinaire panoplie de portables et de gadgets à faire rougir les plus prestigieux des vendeurs de téléphonie. On y trouve de tout et à tous les prix. Et c'est là d'ailleurs une pratique qui ne fait que consolider le phénomène de vol, du moins elle l'accompagne. Car toute pratique commerciale, légale ou non, répond toujours à la règle de l'offre et de la demande. Donc, on continuera de se faire détrousser tant qu'on s'amusera à aller acheter du « volé ». A moins qu'un quelconque sursaut citoyen ne vienne nous taquiner pour qu'on décide enfin de ne plus se laisser faire et à assurer notre rôle de citoyenneté. Car ça n'arrive jamais qu'aux autres... Jamais !