Nous vendons à peine cinq poulets en une journée, alors qu'il y a un mois, nous vendions jusqu'à 30 poulets/jour », lâche un rôtisseur sur la rue Hassiba Ben Bouali, dans la capitale. Selon lui, les clients évitent de manger la viande blanche en général. « Même la demande en escalope de dinde a nettement diminué. Les gens ont peur et ne prennent pas de risque. Ils savent qu'il n'y a pas suffisamment de contrôle. Ils se rabattent donc sur la viande rouge, même si elle est un peu chère », ajoute-t-il. Le prix d'un poulet rôti est fixé à 300 DA dans cette rôtisserie, alors qu'il y a deux à trois mois, il faisait 450 DA. « Nous suivons la tendance du marché. Le prix du poulet a nettement baissé sur le marché de gros. De 150 DA le kilo il y a à peine six mois, il tourne actuellement autour de 80 DA », indique-t-il. Au « roi » du poulet, un boucher de la rue Meissonnier (Alger-Centre) qui ne vend que de la viande blanche, l'inquiétude est apparente. « Les ventes en poulet ont diminué de 60%. Idem pour l'escalope de dinde, qui était très prisée après l'avènement de la grippe aviaire », regrette-t-il. Même son de cloche chez d'autres bouchers qui n'hésitent pas à afficher leur crainte en précisant que la viande blanche est devenue « indésirable » chez les consommateurs. « Auparavant, je vendais jusqu'à 40 poulets par jour. Depuis 10 jours, je vends à peine 10 poulets. Il y a des journées où je n'en vends qu'un kilo », indique un autre boucher à El Biar. Cependant, il y a certains qui ne perdent pas espoir de voir la tendance se renverser en raison de la baisse de l'offre, qui commence déjà à être ressentie sur le marché de gros. « Nous continuons à vendre. Certes pas comme avant. Mais les gens achètent. Ils n'ont pas le choix devant la cherté de la viande blanche. Actuellement, nous vendons un kilo de poulet à 110 DA. Il y a 15 jours, nous l'avons cédé à 90 DA », souligne un boucher du côté de Belcourt. Se basant sur la diminution de la production, ce boucher croit que le poulet va reprendre de plus belle. « Son prix commence à grimper depuis que l'offre a baissé », atteste-t-il. Etant sûr de la bonne qualité de sa marchandise, qui est déjà passée sous la main d'un vétérinaire, le vendeur n'hésite pas à inviter les clients à acheter sans crainte. « C'est un produit sûr. Vous n'avez rien à craindre. Regardez, il porte la griffe du vétérinaire », lance-t-il à toute personne entrant dans son magasin. « C'est normal que les gens boycottent le poulet, parce qu'ils n'ont pas suffisamment d'assurances par rapport à la qualité de ce produit. Surtout qu'ils gardent toujours en tête l'épisode de la viande d'âne vendue sur le marché. Et ce n'était que des semaines après que les services de contrôle ont pu découvrir l'arnaque. Conscients, nous faisons tout pour convaincre les clients. Ce n'est pas toujours évident. Mais c'est à ce prix que nous pourrons tenir le coup », raconte-t-il. Que ce soit à El Biar ou à Alger-Centre ainsi que dans d'autres localités de la capitale, les rôtisseurs affichent des prix très abordables. Certains proposent un poulet rôti à 250 DA, d'autres à 300 DA. Les plus « gourmands » fixent le prix à 350 DA. En dépit de cela, les rôtisseurs n'aiguisent pas l'appétit des consommateurs.