CEVA LAVAL (ou CEVA Algérie) est une filiale du groupe français CEVA santé animale qui est un laboratoire pharmaceutique spécialisé dans la fabrication, la conception, le développement et la commercialisation de médicaments et de vaccins à usage vétérinaire. Classé au 10e rang mondial, le Groupe développe depuis sa création une stratégie d'expansion basée sur les médicaments destinés à l'aviculture et aux ruminants (bovins, ovins, caprins). L'origine de la création de CEVA LAVAL remonte à 2003, date à laquelle le Groupe CEVA a acheté 51% des parts du Laboratoire vétérinaire algérien (LAVAL). Cette acquisition s'est soldée par la construction d'une usine de fabrication à Rahmania (Sidi Abdellah) à la sortie ouest d'Alger. Cependant, en raison des craintes et autres appréhensions quant à une éventuelle contamination de la volaille en Algérie par le virus de la grippe aviaire, le laboratoire est confronté à quelques difficultés dues à la baisse des ventes constatée ces derniers mois. Selon le PDG de CEVA Algérie, le docteur vétérinaire Hocine Berdi, "la psychose de la grippe aviaire et la prudence des professionnels du secteur a eu malheureusement des conséquences néfastes sur l'ensemble de la filière avicole qui comprend les fabricants d'aliments, les fabricants de médicaments, les éleveurs de poussins et les éleveurs de reproducteurs. Les producteurs de poulets de chair vifs ont perdu beaucoup d'argent. Les grands éleveurs, eux, tentent de résister à cette crise mais ils ne pourront pas tenir longtemps si cela continue". En ce qui concerne CEVA LAVAL, la laboratoire a enregistré en janvier 2006 une diminution de 20% des ventes de médicament destinés à l'aviculture. "Heureusement que notre entreprise importe et fabrique deux types de médicaments à usage vétérinaire. Ceux destinés à l'aviculture et ceux destinés aux ruminants. C'est avec ce deuxième type de médicaments que nous arrivons à compenser notre manque à gagner", affirme le PDG. Aujourd'hui CEVA Algérie fabrique la moitié des médicaments qu'elle met sur le marché algérien. L'autre moitié est consacrée aux vaccins qu'elle importe de la Hongrie. En 2005, l'entreprise qui s'estime leader du marché national a réalisé un chiffre d'affaire de 680 millions de dinars. Sa part de marché est évaluée à 28%. Sa gamme de produits est partagée entre les médicaments destinés à l'aviculture (55%) et ceux destinés aux ruminants (45%). Quant aux produits injectables et autres vaccins, CEVA LAVAL recoure à l'importation, activité qui couvre actuellement 55% des produits qu'elle commercialise. Pour l'année en cours, le laboratoire qui emploi 43 personnes, a pour objectif d'inverser la tendance notamment avec le lancement de nouveau produit. A moyen terme, CEVA Algérie s'est fixé pour objectif économique de rentabilisation de son usine, de se maintenir d'abord à la place numéro 1 qu'elle détient actuellement, d'augmenter son chiffre d'affaire, d'homologuer de nouvelle molécules et transférer leur fabrication ici en Algérie. Les ambitions de l'entreprise ne se limitent pas à cela, puisque CEVA Algérie compte se lancer à partir de cette année dans l'exportation de certains produits vers le Maroc et la Tunisie. Cette option est d'autant plus jouable si l'on sait que la capacité de production des médicaments en poudre, type dans lequel le laboratoire s'est spécialisé, est de 250 t/an. Mais pour l'heure, le laboratoire se contente de satisfaire les demandes de ses 70 grossistes et celles des offices de l'Etat, notamment le ministère de l'Agriculture. Un contrat vient d'être conclu à ce propos entre le laboratoire et le ministère en question pour la fourniture d'un vaccin anti-brucellique. L'Office national des aliments de bétail (ONAB), à travers ces deux filiales de l'Est et de l'Ouest, compte également parmi les clients importants de CEVA LAVAL. Estimé à 40 millions de dollars, le marché vétérinaire en Algérie dispose encore de potentialités. C'est un marché qui suit l'évolution constante de l'élevage et de la consommation des produits d'origine animale, de plus en plus en augmentation. Aussi la concurrence qui s'est installée dans ce domaine entre tous les grands laboratoires présents en Algérie n'effraye pas l'entreprise, d'autant qu'il s'agit d'un gros marché classé deuxième en Afrique après celui de l'Afrique du Sud. Totalement détenu par les opérateurs privés, ce marché a permis d'homologuer en Algérie plus de 400 molécules. Pas de danger pour le moment En sa qualité de vétérinaire, le PDG de CEVA LAVAL affirme qu'"il n'y a aucun danger à consommer aujourd'hui du poulet, pour la bonne raison que le virus H5N1 est très fragile et qu'il peut être détruit dans toute viande cuite à 70 degrés. Pour ce qui est du dispositif de protection sanitaire contre cette maladie, si des comportements inhabituels sont détectés chez des animaux sauvages, les comités de veille installés par le ministère de l'Agriculture sur l'ensemble des régions susceptibles d'être contaminées, notamment dans les zones humides, sont chargés de transporter ces animaux dans des laboratoires pour procéder à des analyses. S'il s'avère que l'animal suspecté est contaminé, des mesures immédiates sont prises. Il s'agit d'établir un périmètre de trois kilomètre autour du foyer mis en cause et de désinfecter tous les endroits susceptibles d'être contaminés par ce virus". Il faut dire à ce propos que les élevages industriels sont aujourd'hui bien protégés puisqu'il s'agit d'élevage confiné dans des bâtiments. "Nous ne voyons pas comment le virus peut rentrer si ce n'est à cause de l'homme qui peut effectivement le transporter dans ses chaussures ou ses vêtements. C'est pourquoi d'ailleurs dès qu'un cas est détecté, des mesures sont rapidement prises pour empêcher que le virus sorte de la zone contaminée, et ce, par la désinfection et l'établissement d'un cordon de sécurité", ajoute encore le vétérinaire. Cependant, la vigilance doit rester de mise, en ce sens que les oiseaux sauvages ne connaissent pas de frontières même si le circuit de leurs déplacements est connu. Afin d'assurer une meilleure protection de leurs cheptels, des pays contaminés où la maladie est à l'état endémique procèdent, selon notre interlocuteur, "à des vaccination comme c'est le cas au Mexique ou en Asie du sud-est. En Algérie, on en est pas encore là, parce qu'il faut qu'il y ait des cas avérés et que le cheptel domestique soit touché". Pourquoi pas des vaccinations à priori ? Tout simplement, parce que "le virus de la grippe aviaire, comme celui de la grippe humaine, change beaucoup et il faudrait d'abord savoir à quoi nous avons affaire avant de procéder à des vaccinations", précise le docteur. Portrait Vétérinaire de formation, Hocine Berdi a obtenu son diplôme de l'Académie vétérinaire de Moscou en 1976. Sa première fonction a été au sein du ministère de l'Agriculture en temps que vétérinaire dans la wilaya de Sétif. Son entrée dans le secteur privé a commencé par le laboratoire français Mérieux en tant que représentant technique durant une période de neuf ans. En 1989, le docteur Berdi a exercé durant deux années à titre privé, avant de créer en 1991 sa première société privée (VETRAL) à la faveur de l'ouverture économique qu'a connue le pays. En 2003, la société prend 32% des actions de CEVA LAVAL et le docteur Berdi se voit désigné PDG de l'entreprise.