Des dizaines de citoyens des bidonvilles de Ouled H'chich (Chouf Lekdad) et Aïn Trick se sont rassemblés hier matin devant le siège de la wilaya de Sétif pour demander leur relogement dans des appartements décents. «50 ans baraquat (50 ans ça suffit)» , «Kafana Ouaoud (Que cessent les promesses)», «Noutalibou Bel melmous (on demande du concret)», tels sont les slogans consignés dans les banderoles brandis par des citoyens en colère. «Nos conditions de vie se dégradent de jour en jour, sans que cela offusque outre mesure les responsables de la commune ou de la wilaya qui nous ignorent. Nous vivons dans des conditions inhumaines. La situation perdure pour certains d'entre-nous depuis plus de dix ans», diront des citoyens à bout. D'autres citoyens d'un certain âge, qui sont venus à notre rencontre, remettent sur le tapis les promesses post-électorales. «Avant le dernier vote, les émissaires des responsables et des partis politiques sont venus nous voir. Ils ont promis de prendre en charge nos problèmes. Une fois le scrutin bouclé, nos interlocuteurs ne se sont pas éclipsés, mais volatilisés dans la nature. Nous nous attendions à un tel scénario car ce refrain revient à chaque échéance électorale», tonnent les demandeurs qui ne veulent plus de promesses. «On nous a gavés avec les promesses et engagements sans lendemain. La patience a des limites. Nous voulons du concret d'autant plus qu'en matière de réalisation de logements à caractère social, l'Etat ne ménage aucun effort», martèlent des pères de famille qui mettent le doigt sur les problèmes de santé et divers autres maux qui leur gâchent la vie. «Peut-on vivre décemment dans un trou à rats ?» s'interrogent des gens de Ouled H'chich. «La réponse ne peut être positive, vous en conviendrez. Avec toute la bonne volonté, nos enfants ne peuvent suivre un cursus scolaire normal dans des taudis en parpaing et des cartons. Pis encore, nos enfants sont dans leur majorité malades», renchérissent les manifestants qui enchaînent: «En lieu et place d'un espace vert, nos enfants jouent dans la décharge du bidonville, submergé par les maux et les problèmes. L'insalubrité des lieux est derrière la prolifération des chiens errants et rats qui cohabitent avec nous. La proximité et la précarité sont à l'origine de divers maux sociaux», clament nos interlocuteurs qui voudraient rencontrer les décideurs. «On ne veut plus voir ces intermédiaires de médiateurs qui ne sont en vérité que des boîtes postales. On veut rencontrer le P/APC, le chef de daïra ou le wali pour qu'ils entendent nos doléances et prendre les mesures idoines », diront encore les gens des bidonvilles de Chouf Lekdad, Aïn Trick, Farmatou, les principales plaies d'une agglomération abandonnée par des «gestionnaires» qui ne veulent pas se rendre à l'évidence que Sétif est aux abois.