Le climat était très tendu hier à la clinique rénale de Daksi avant la tenue de l'assemblée générale des travailleurs à laquelle avait appelé la section syndicale affiliée à l'UGTA. Une manifestation qui suit logiquement les derniers développements des problèmes qui touchent l'établissement et le rebondissement enregistré lors de la visite officielle du ministre de la Santé il y a de cela une semaine. Les syndicalistes ont tenu, à travers cette action médiatisée, à mettre au clair le point concernant le fonctionnement de la clinique critiqué par Amar Tou et se laver les mains au sujet du point noir qui l'entache, à savoir l'arrêt de la greffe rénale. Le ministre avait mis le doigt sur le mal à l'occasion et manifesté sa colère face au chiffre des greffes réalisées (4 contre 8000 demandes), d'autant que les raisons avancées et liées au manque de produits sont loin d'être convaincantes, selon des membres du staff médical même et selon le ministre qui n'a pas hésité à blâmer le gestionnaire. L'un des médecins, le docteur Benzagouta, était intervenu pour dénoncer le monopole pratiqué par certains médecins sur la greffe et lever le voile sur les conflits relationnels qui bloquent, selon lui, le bon fonctionnement de l'équipe. L'arrêt des opérations de greffe, qui animaient pourtant le personnel d'une grande fierté, est resté un mystérieux point d'interrogation dans le milieu médical ainsi que chez les citoyens, à leur tête l'association des malades, sachant que la clinique a reçu un chèque de 50 millions de dinars en plus d'une liste d'équipements destinés au financement et au bon usage de la greffe. Les produits réactifs achetés pour le service sont souvent rattrapés, hélas, par la date de péremption en restant dans les placards au moment où des milliers de malades demandeurs demeurent livrés à la souffrance. La commission d'enquête envoyée par l'ancien ministre de la Santé n'a pas pu changer les choses, alors que Amar Tou a menacé cette fois de fermer la clinique et d'autoriser les cliniques privées à greffer. Une menace qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd et fait peur aux 500 travailleurs qui, en organisant cette assemblée à laquelle sont invités le président du conseil scientifique, le représentant de la fédération du secteur, l'association des malades du rein ainsi que le syndicat des médecins généralistes et l'union locale de l'UGTA, tiennent à se démarquer de ce problème et tentent d'aller plus loin pour redresser la barre. En effet, la section syndicale demande à la tutelle de mettre fin à la déchéance et au pourrissement qui frappent la clinique et demande le départ du directeur qui, selon la section, ne fait que nuire au fonctionnement de l'établissement depuis son arrivée il y a douze mois. Une demande qui engage un bras de fer et risque de plonger la clinique dans une zone de turbulences qui ne profite pas aux malades et ne peut être évitée qu'avec l'intervention sérieuse de la tutelle.