Les maires se plaignent de n'avoir aucune emprise sur les embauchés dans le cadre du dispositif d'insertion professionnelle. Des élus contestent le fait qu'on leur ait imposé des effectifs pléthoriques, très au-dessus des besoins, rendant leur gestion impossible. Le Dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (DAIP) ne fait plus l'actualité depuis qu'ont cessé les tapageuses ruées de jeunes sans emploi sur la «place Tahrir» (l'extrémité de la place Emir Abdelkader, face au siège de la wilaya). Avec plus de 25 000 jeunes recrutés, ce dispositif a absorbé les mécontentements les plus portés à manifester sur la voie publique. Il n'en reste pas moins vrai que l'opinion publique et les élus locaux en particulier sont très remontés contre ce dispositif transformé en rente distribuée à profusion à la veille de chaque échéance électorale pour apaiser les troubles sociaux. En effet si, il y a peu, les jeunes employés à la propreté des cités justifiaient plus ou moins du salaire versé, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Les maires se plaignent de n'avoir aucune emprise sur eux : «Ils décident des jours de travail et de l'heure de départ, à 9 heures ou dix heures du matin, passant le mot d'ordre par téléphone portable aux autres groupes disséminés dans les quartiers de la ville. Et quand vous insistez, ils vous disent que, de toute façon, ils ne vous doivent rien, les 12 000 DA perçus étant selon eux un cadeau du Président Bouteflika». Les élus contestent le fait qu'on leur ait imposé des effectifs pléthoriques, très au-dessus des besoins, rendant leur gestion impossible : «Je ne peux maîtriser un personnel que je ne recrute pas et que je ne paie pas», soutient un maire. Assainissement Le directeur de l'emploi ne l'entend pas de cette oreille : «Je peux vous montrer des demandes de P/APC qui dépassent le nombre de postes qui leur ont été accordés. Cela les arrangeait bien quand c'étaient eux qui recrutaient et qu'ils faisaient de la politique avec. Maintenant, c'est différent parce que nous reprenons les choses en main et que nous voulons mettre fin à des abus passibles des tribunaux. Bien des jeunes sont employés à titre fictif. Selon notre constat, l'emploi du titre du CFI va voir sa part ramenée à 50% de ce qu'elle est». À cet égard, selon notre interlocuteur qui préfère s'en tenir à des chiffres approximatifs malgré notre insistance, sur les 25 000 emplois offerts par le DAIP, près de la moitié d'entre eux ont été créés au sein des administrations au titre des CIP (Contrat d'insertion professionnelle pour ceux ayant fait des études secondaires) et des CID (Contrat d'insertion des diplômés ayant fait des études supérieures) alors que l'autre moitié, les non diplômés ont été affectés aux communes au titre du CFI (Contrat de formation-insertion). Par contre, le Contrat de travail aidé (CTA), qui a les faveurs du ministère du Travail, parce qu'il n'est pas un «emploi d'attente», selon l'euphémisme par lequel il est désigné, n'assure qu'un à trois postes au sein de la centaine d'entreprises du secteur économique existant à travers la wilaya. Pour rappel, le CTA assure aux employeurs privés et publics une contribution de l'Etat au salaire du jeune diplômé, de façon dégressive et pendant une durée de trois ans alors que les autres dispositifs sont renouvelables pour une durée indéterminée. Le Directeur de l'emploi indique qu'une opération d'assainissement est en cours et qu'elle va démasquer toutes les indus bénéficiaires. Au 1er juillet, les listes vont être dégraissées grâce aux contrôles en cours : «Nous avons éliminé plus d'une centaine de cas en mars dernier».