Depuis le mois de janvier, des faits se rapportant à la vente de mélange de carburants dans les stations-services privées algéroises ne cessent de se faire jour. Le dernier en date remonte à mardi dernier. La station en gérance libre du 1er Mai a eu, en effet, à servir de l'essence en lieu et place de gasoil aux voitures roulant au diesel et inversement, et ce, jusqu'à jeudi. Les nombreux automobilistes se sont en fait plaints de dommages, à différents niveaux de gravité, causés à leurs véhicules, ce qui a contraint le gérant à mettre à l'arrêt deux de ses pompes en attendant le relevage du produit par les services de Naftal. L'évènement aurait pu passer comme isolé, mais les quelques visites faites à certaines stations du même type nous ont permis de constater le contraire : les gérants de stations à El Biar, Chevaley et El Mouradia nous ont, à ce titre, confirmé ces « précédents ». Faut-il croire à la thèse trop simpliste de la « bévue » ou de la « négligence » ? Naftal s'en lave les mains et rejette tout de go toute responsabilité. « Les opérations de dépotage sont sous la responsabilité directe des gérants des stations-services », et celui-ci, affirmait un responsable de Naftal, doit « impérativement assister conformément à la réglementation internationale au dépotage » et « indiquer à l'agent de la société l'emplacement exact des cuves » pour éviter toute inversion. En plus du fait que celles-ci doivent porter des marques distinctives. Les gérants que nous avons interrogés entonnent un tout autre son de cloche, réfutant cette « obligation » de présence physique sur le site du gérant. « Ce qui s'est produit à la station du 1er Mai ne peut s'expliquer que par deux choses : soit le produit livré était à l'origine impropre ou bien le conducteur Naftal a commis une erreur en déversant le produit dans la mauvaise cuve. » Mais comment peut se répéter avec une telle fréquence une telle erreur ? La direction de Naftal, elle, dit ignorer l'existence d'autres cas similaires. « Pourquoi les stations en GD (gestion directe) ou et PVA (points de vente agréés) n'ont jamais présenté de telles anomalies ? », s'interroge un cadre de Naftal. Pour ce qui du « caractère impropre du produit », Naftal réfute catégoriquement l'affirmation. « Le produit est contrôlé en laboratoire par Naftec avant toute commercialisation car il s'agit avant tout de veiller à la sécurité des personnes », soutient-on. « Naftal, dira en substance un responsable de la société, n'a aucun intérêt à refourguer des produits impropres aux GL » puisque c'est aux stations qui sont en gestion libre que le « gros de la livraison est destiné » plus qu'aux autres, en GD ou en PVA. Les GL seraient au nombre de 1800 à travers le territoire national. Il est vrai aussi que le conflit « historique » opposant Naftal aux stations GL y est sûrement pour beaucoup dans cette détérioration des rapports. Lequel conflit est porté par la direction de Naftal et la Fédération nationale des exploitants libres de stations-services, affiliée à l'UGCAA, sur le « contrôle » et la « propriété » des stations. Un différend qui risque de s'exacerber avec l'entrée en matière de plus de 450 stations-services, œuvres de multinationales.